Le frère Boniface Heidmeier n’était pas étranger aux hivers canadiens froids et enneigés. Arrivé en Alberta en 1909, le frère Boniface et sa communauté ont été surtout présents dans Edmonton nord et les missions environnantes. Avec les nombreuses villes à visiter et ce même si le mercure était très en dessous de zéro, le frère Boniface faisait face à l’extrême de l’hiver avec une amicale bonne humeur.
Dans ses mémoires écrites, il se souvient d’un moment particulier où l’église de Chipman venait tout juste de se procurer deux nouveaux poêles à bois pour chauffer l’édifice durant l’hiver:
Puis l’hiver est arrivé et nous nous étions préparés en nous procurant deux poêles à bois pour l’église. Deux poêles de fabrication solide et nous avions bonne espoir en eux. Tout le monde venait voir ces impressionnantes acquisitions, les plus gros poêles jamais vus dans toute la région. La Toussaint fût une journée particulièrement froide, nous gardions espoir que nos poêles feraient leurs travail…et ils l’ont fait mais surtout en fumée. En à peine une demi-heure, le bâtiment fut rempli d’une fumée si dense et suffocante que même les plus braves prirent la fuite en toussant et en pleurant. Les porte de l’église furent ensuite ouvertes toute grandes, mais elles ne parvenaient pas à compenser pour les deux poêles. Deux hommes, de leur propre initiative, ont saisi le premier poêle près de la porte et l’on projeté à l’extérieur de l’église. Le second a connu le même sort et aucun des deux poêles à bois n’a revu l’intérieur de l’église par la suite.
L’hiver rendait les déplacements très difficiles. Une fois, le frère Boniface devait dire une messe un dimanche à Chipman, puis il devait se rendre à Skaro, Wostok, Krakow et enfin Mundare, tout cela le plus rapidement possible. Toutefois, la vieille voiture Ford exigeait d’être mise en marche à la manivelle dans le froid et, parfois, le moteur s’éteignait lorsque la voiture devait passer à travers de gros amas de neige. Cela requérait un effort de désespoir pour redémarrer la voiture jusqu’à ce que le moteur fonctionne normalement. Puis le frère Boniface travaillait avec une pelle pour dégager une piste à travers le banc de neige, mais toujours avec les deux oreilles attentives au son du moteur au cas où il cesserait de tourner.
Peut-être que l’image la plus frappante des hivers rigoureux est la description faite par le frère Boniface d’une messe typique de 1909:
[Les fidèles] dans cette petite église, debout autour du poêle rouge brûlant, tappait le sol de leurs pieds gelés pendant la messe, tandis qu’à l’autel le vin et l’eau se transformaient en un bloc de glace et que le calice ne pouvait être touché sans que les doigts ne s’y collent !