Dans cette peinture de Van Gogh, Champ de blé avec cyprès, le vent est dessiné magnifiquement et il est partout présent: soit dans les champs ou dans le ciel. Au premier plan, on est agréablement surpris par le champ de blés mûrs qui ondoient sous le vent. Plus haut apparaissent des nuages sous un jour nouveau avec des arabesques, des images qui tourbillonnent dans le ciel. À droite, deux cyprès vrillent le ciel de leurs formes tourmentées.
Si François d’Assise avait voulu ajouter à son Cantique de frère Soleil nos frères les animaux, il aurait sans doute placé nos frères les oiseaux avec les frères Vent, air et nuages. J’imagine que sa louange au Seigneur par frère Vent aurait été précédée d’un texte poétique sur la prédication aux oiseaux, semblable à celui que l’on trouve dans le libretto de l’opéra Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen: «Frères oiseaux, en tous temps et lieux, louez votre Créateur. Il vous a donné liberté de voler, présageant par là le don d’agilité. Il vous a fait cadeau de l’air, des nuages, du ciel, de frère Soleil et frère Vent pour guider vos voyages. Le boire et le manger, il vous les a donnés, et les hauts arbres, et l’herbe, et la mousse pour vos nids, et tous ces ornements de riches couleurs, avec double et triple vêtement. Il vous a permis de chanter si merveilleusement que vous parlez sans mots, comme la locution des anges, par la seule musique.»
« Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère Vent, et par l’air et le nuage et le ciel serein et tout temps par lesquels à tes créatures tu donnes sustentation.»
En lisant cette strophe, une question peut facilement nous venir à l’esprit: pour quelles raisons François témoigne-t-il d’un tel attachement au frère Vent et à ses frères « l’air, le nuage, le ciel serein et tous les temps? »
« Si paradoxal que cela puisse paraître, écrit Éloi Leclerc, le Cantique du frère Soleil se métamorphose ici en celui de tous les temps. Et le vent qui souffle en tempête et qui apporte pluie ou grêle est béni au même titre que la brise ensoleillée. François ne choisit pas son temps. Il est ouvert et accueillant aux quatre vents de la création (…) De cette louange « pour tous les temps », François donne la raison: « Par eux tu donnes soutien à tes créatures. » Accueilli dans la totalité de ses manifestations, frère Vent est ici directement associé à l’œuvre créatrice. Il est reconnu comme le collaborateur du Créateur, comme celui qui apporte soutien, c’est-à-dire force, vigueur, aux diverses créatures.»
«Saint François appelle le vent, son frère. Et le vent a été un frère pour l’humanité d’une manière très spéciale aussi longtemps qu’il y a eu des voiliers et des moulins à vent. Ceux-ci ont été évincés, bien sûr, par des inventions techniques des temps modernes beaucoup plus sophistiquées. Pourtant, durant tout ce temps le vent a soufflé. Aujourd’hui, celui-ci nous appelle à revenir à lui. Nous prenons conscience qu’il possède une source importante d’énergie… L’énergie éolienne est de la plus haute importance du point de vue de l’écologie. C’est pourquoi nous pouvons non seulement appeler le vent notre frère; le vent lui-même nous aime d’un amour fraternel.» (Eric Doyle)
Et vous, souffles et vents, bénissez le Seigneur ! Et vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur! À lui, haute gloire, louange éternelle!
Georges Morin, ofm