Dans un premier article, j’ai expliqué brièvement l’influence de la spiritualité franciscaine sur la vie de Jérôme Le Royer de la Dauversière, l’un des personnages principaux dans la fondation de la colonie missionnaire de Montréal, il y a 375 ans.
Aujourd’hui j’ai l’opportunité de vous présenter une très belle reproduction du vitrail, dédié à Jérôme Le Royer, qui se trouve à la chapelle de l’Hôtel-Dieu de Baugé, France. La vue de ce vitrail me paraît être comme la porte d’entrée conduisant à la spiritualité de Jérôme qui débute avec Marie pour ensuite s’orienter vers la Sainte Famille en lien avec la Sainte Trinité.
La partie inférieure du vitrail, représente l’événement du mois de janvier 1635, où Jérôme se rend à la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour y prier la Vierge Marie. Après la communion, pendant sa prière fervente, Jérôme se trouve en présence de la Sainte Famille. Le prenant par la main, Marie le présente à Jésus en disant : « Voici votre serviteur fidèle. » Le Seigneur le reçoit avec bonté et lui dit : « Vous serez désormais mon serviteur fidèle, je vous revêtirai de force et de sagesse, vous aurez pour guide votre ange gardien, travaillez fortement à mon œuvre. Ma grâce vous suffit et ne vous manquera point. »
Pour bien comprendre le cheminement spirituel de Jérôme, il nous faut d’abord examiner sa spiritualité mariale. En effet, dès le début de ses études au Collège des Jésuites de La Flèche (1608-1617), il fait partie de la Congrégation de la Sainte Vierge, association qui encourage ses membres à accomplir des œuvres charitables. Il semble qu’il n’y a pas eu de nouveaux développements dans sa dévotion mariale jusqu’en l’année 1630.
Le 2 février 1630, jour de la Purification et fête patronale de la Grande Congrégation de la Sainte Vierge à La Flèche, les membres de cette Congrégation, incluant Jérôme, ont prononcé ensemble, après la communion une formule de consécration à la Sainte Famille. « Un glissement s’est donc opéré dans l’esprit de Jérôme Le Royer, écrit Dom Guy-Marie Oury, sa consécration à la Vierge a pris le sens d’une consécration à la Sainte Famille… Il est désormais attentif au mystère de la Sainte Famille qui avait moins d’importance pour lui auparavant; ce mystère devient un pôle de sa vie spirituelle, et il est en relation étroite avec sa dévotion à l’égard de Saint Joseph qui se développe parallèlement. »
C’est ainsi que la communauté des Filles hospitalières de Saint-Joseph sera érigée en 1635 par Jérôme et de plus sera fondée par lui une Confrérie de la Sainte Famille en 1636 dont les Constitutions affirmeront avec précision : « Afin de s’enflammer de plus en plus à honorer Dieu par des prières et des exercices de piété faits en commun, nous sommes priés, s’il nous semble bon, d’ériger une confrérie sous le nom du glorieux Saint Joseph, pour honorer à perpétuité la Sainte Famille de Jésus-Christ dont ce grand saint a été le chef selon l’humilité, afin que par son secours et son entremise, ayant accès auprès de la Sainte Vierge, et par le moyen de l’un et de l’autre auprès de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en sorte qu’ils puissent honorer ensemble Jésus, Marie, Joseph, non pas d’un culte égal, mais différent et selon la dignité d’un chacun, et enfin par ces moyens parvenir à une parfaite adoration et glorification de l’Auguste Trinité.»
Georges Morin, o.f.m.