La fête de l’Assomption de Marie, célébrée le 15 août, est là pour nous dire qu’il y a un être humain sur la terre qui est déjà entièrement et complètement racheté, sauvé de corps et d’âme. Cette personne est Marie, la mère de Jésus. Comme l’exprime la Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l’Église : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort. » La glorification corporelle de Marie est l’anticipation de la glorification qui est le destin de tous. Nous pouvons regarder maintenant Marie dans la gloire et dire : ‘C’est comme ça qu’on sera un jour’.
Une des œuvres d’art qui exprime le plus magnifiquement la gloire de la Reine du ciel et de la terre est sans doute celle du peintre Le Titien. En 1516, le directeur du couvent des franciscains de Venise, fait appel à ce peintre. Il lui commande une « Assomption de la Vierge » pour le maître-autel de l’église franciscaine Santa Maria Gloriosa dei Frari. Il faut se rappeler ici que les Franciscains ont toujours été les ardents promoteurs de l’Assomption de la Vierge et des autres aspects de la théologie mariale, en particulier la doctrine connexe de l’Immaculée Conception de Marie. « Au jour de l’Assomption, écrit Saint Antoine de Padoue, Jésus couronna sa mère du diadème de la gloire céleste, comme sa mère l’avait couronné du diadème de sa chair au jour des noces du Verbe avec l’humanité. »
« L’Assomption de la Vierge du Titien, selon les paroles célèbres du musicien Félix Mendelssohn, est l’œuvre la plus divine que main humaine ait jamais réalisée… Il faut voir comment Marie semble flotter dans les nuages, comment l’air qu’elle respire paraît réel, sa crainte, sa dévotion, bref des milliers de sentiments mêlés… Sur la droite du tableau, les têtes des trois anges sont le comble de la beauté: une beauté pure, sereine, séraphique.»
Le point de mire de cet immense tableau de l’Assomption de la Vierge est bien entendu Marie elle-même, l’objet véritable de l’œuvre. Dans la zone centrale supérieure, elle se dresse sur les nuages, enveloppée d’une robe rouge et d’un manteau bleu qui se tordent autour d’elle comme si elle était soutenue par le souffle du vent dans son ascension au ciel. Mais on pourrait dire avec encore plus de précision que le point central du tableau est l’admirable figure de l’Assunta : celle qui est élevée. Sur le visage de la Vierge converge toute l’action de la composition, mise en pleine lumière au centre du tableau. Cette Assunta attire tout dans son mouvement vers le Père Éternel qui se prépare à l’accueillir les bras ouverts. À la droite de celui-ci, un angelot porte une couronne verte, symbole de la terre, tandis qu’à gauche un autre ange soutient une couronne d’or, symbole du ciel : Marie Reine du ciel et de la terre.
Ce visage de Marie attire aussi les apôtres qui se trouvent en bas du tableau. Ils sont surpris et stupéfaits par le merveilleux évènement. Saint Pierre est à genoux avec sa main sur sa poitrine, Saint Thomas pointe la Vierge, Saint Thomas et Saint André, vêtus d’une cape rouge, se projettent vers l’avant.
Marie est entrée dans la gloire de Dieu ;
exultez, dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.