En bas à gauche de la verrière L’Arbre de Vie ou La Paix (1976), Chagall évoque cette entrée messianique du Seigneur à Jérusalem. Le Prince de la paix choisit le moment précis et prépare les détails de son entrée dans la ville de « David, son père » (Lc 1, 32). « Approchant de Jérusalem, Jésus et ses disciples arrivent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoie deux de ses disciples, en leur disant : ‘Allez au village qui est en face de vous, vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les, et amenez-les-moi’… C’était pour accomplir la parole prononcée par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient vers toi, plein de douceur; monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme » (Mt 21, 1-5).
« Jésus vient, non en roi puissant ni en guerrier redoutable, mais en homme de paix, écrit Éloi Leclerc. Aucun signe de puissance ne l’accompagne, aucun éclat extérieur, aucune pompe humaine. Rien qui soit de nature à frapper les foules. Il est assis sur un âne, la monture des plus humbles… Il vient, en effet, non pour dominer, mais pour servir. Non pour condamner, mais pour sauver. Non pour semer la mort, mais pour donner la vie, et la vie en abondance… Le Prince de la paix entre dans Jérusalem, acclamé par la foule des pauvres et des petits qui lui font cortège en agitant des rameaux d’olivier. Ce peuple en marche, rassemblé dans l’unité retrouvée, ce n’est pas un déploiement de force, mais l’humble cortège de la paix et des Béatitudes, qui monte dans la ville de David, au cri de : ‘Hosanna au fils de David!’ » (Mt 21, 9).
Remarquons que Chagall a évoqué la figure du Roi David au-dessus de cette scène évangélique (en haut, au coin gauche). Celui-ci a reconnu en Jésus son Seigneur, il tressaille en le voyant s’approcher et, de joie, il chante et joue de la harpe. Nous savons que David est l’une des figures préférées de Chagall.

L’acclamation : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ! » (Lc 19, 38) ne se trouve que dans l’Évangile de Luc où est explicitement donné à Jésus le titre de roi quand il entre à Jérusalem en triomphe. Ce cri d’hommage résumait les raisons pour lesquelles la foule se réjouissait. Les pèlerins qui se sont approchés du temple ont été accueillis par les prêtres de l’intérieur du sanctuaire avec la bénédiction: « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » La formule de bénédiction est devenue un cri d’hommage qui s’adressait à Jésus. Il était le roi nommé par Dieu, sur lequel Dieu conférait tout pouvoir.
Jésus vient s’offrir lui-même pour la paix du monde. Cette montée dans Jérusalem prélude à l’élévation sur la croix. Notre regard, porté par le mouvement ascendant des lignes, s’envole, en flèche, vers cette ultime étape : Le Christ, par son sang versé et sa vie donnée, scelle la nouvelle Alliance.
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »