La nuit étoilée est souvent considérée comme la grande réalisation de Van Gogh à son apogée. Contrairement à la plupart de ses œuvres, ce tableau a été peint de mémoire et non en direct devant le ciel étoilé. L’accent est mis sur l’intériorité. La vie affective du peintre est clairement indiquée par ses tourbillons – description tumultueuse du ciel – un changement radical de ses paysages précédents, plus près de la nature.

Ce qui attire en tout premier lieu notre attention à la vue de cette œuvre est le contraste entre le mouvement rapide de la lune et des étoiles virevoltant en haut dans le ciel tandis qu’en bas sur la terre, dans le petit village, tout semble être complètement immobile et en repos. Ce réseau d’étoiles blanches et jaunes, orange et bleues, semble palpiter en faisant jaillir une étrange spirale qui s’enroule sur elle-même.
La nuit étoilée illustre d’une façon merveilleuse le thème des clartés de la nuit de la troisième strophe du Cantique de frère Soleil : Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Lune et les étoiles : dans le ciel Tu les as formées claires et précieuses et belles.
«Le Cantique du Soleil, écrit Éloi Leclerc, est aussi celui de la nuit. Immédiatement après avoir célébré la splendeur du jour, François se tourne vers les ‘fleurs de l’ombre’: ‘Sœur Lune et les Étoiles… claires, précieuses et belles.’ Remarquons-le tout de suite: ce qui attire le regard du petit Pauvre vers la nuit, ce n’est pas sa face ténébreuse, mais ses clartés. Ainsi se poursuit la quête de lumière de François auprès des créatures.»
Dans l’opéra Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen, le compositeur ajoute des paroles surprenantes de saint Paul (1 Co 15,41) aux strophes du Cantique qui font référence à frère Soleil et à sœur Lune. Il met ces paroles dans la bouche de saint François: «Autre l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles. Une étoile même diffère en éclat d’une étoile.»
Cette triade lumineuse se trouve à plusieurs endroits dans la Bible, mais tout d’abord au récit de la création du monde, lorsqu’au quatrième jour, «Dieu fit les deux grands luminaires majeurs: le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles.» Dans l’oratorio La Création de Haydn se présente aussi cette triade lumineuse, ainsi décrite: «Le soleil radieux monte avec grande splendeur, tel un fiancé plein de ravissement, un géant fier et joyeux qui suit son cours. La lune glisse à travers la nuit silencieuse, progressant avec calme, miroitant doucement. La grandeur astronomique du dôme des cieux scintille d’un nombre incalculable d’étoiles d’or.»
L’opéra Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen se termine par la mort de François, avec ces paroles: «Autre est l’éclat de la lune, autre est l’éclat du soleil, Alléluia! Autres sont les corps terrestres, autres sont les corps célestes, Alléluia! Même une étoile diffère en éclat d’une autre étoile! Ainsi en va-t-il de la résurrection des morts, Alléluia! Alléluia!» Il y a une grande variété d’éclats parmi les corps célestes. Aussi, les corps terrestres lorsqu’ils ressuscitent, seront ajustés à l’état céleste; et il y aura une grande variété d’éclats parmi eux.
Soleil et lune, bénissez le Seigneur! À lui, haute gloire, louange éternelle!
Étoiles du Ciel, bénissez le Seigneur! À lui, haute gloire, louange éternelle!
Georges Morin, ofm