J’arrive de Terre Sainte. Des images du désert du Néguev me reviennent sans cesse, avec un chant merveilleux. Faisant partie d’un « Peuple de pèlerins », je marche sur les pas de Jésus avec d’autres. Et le Seigneur m’a donné le bonheur de lui consacrer mon temps et ma vie. Je ne l’ai jamais regretté. Ni hier et certainement pas aujourd’hui. J’ai le cœur large comme le désert.
Pour la première fois depuis que j’accompagne des pèlerins du Québec en Terre Sainte, j’ai partagé le bonheur du grand désert du Néguev. En effet, il y a deux ans déjà, j’y avais vécu un temps béni d’écoute et de partage de la Parole en ce lieu qui m’a marqué, qui m’a inspiré. Depuis quelques années, je cherchais une manière d’expliquer l’arrière-fond, la base culturelle et religieuse de Jésus et de ses disciples. Je croyais avoir trouvé, maintenant, je sais.
Pour la première fois, le groupe de pèlerins de cette année (23 participants) ont pris contact avec la Terre Sainte, via le « faux-cratère » — c’est le nom que l’on donne pour ce type de formation géologique — de Mitspe Ramon. Le silence, le vent, la chaleur torride et les ibex ont tôt fait de dépayser les québécois et ce fut une expérience très heureuse. Nous avons marché sur des sentiers de graviers et de roches; nous avons subi la chaleur du milieu du jour; nous avons vu la vie poindre de partout même en plein désert.
Et moi, le matin, fidèle à mon habitude, tôt levé, je me rendais sur des caps rocheux, des points de vue merveilleux, des endroits qui m’inspirent. Et j’ai senti mon cœur se dilater et embrasser cette terre d’une manière nouvelle. Mon âme devient terre asséchée qui aspire à la Rosée divine pour éclore de mille beautés. Je suis fait pour Dieu.
La grandeur de ces moments, vécus d’abord au désert, mais aussi à Nazareth, Jérusalem et Tel Aviv, m’ont permis d’avoir une disponibilité nouvelle pour l’œuvre de Dieu en moi et autour de moi. La Terre Sainte m’habite comme un possible, une ouverture à l’infini de Dieu. Je suis là et j’aime.
Cette expérience de la grandeur ne va pas sans l’expérience, équivalente, de la fragilité et de la faiblesse. De la mienne, mais aussi de celle d’une terre brisée et déchirée. Il y a de tout en notre monde : de la beauté, de la laideur. Et cette dernière ne rend pas inutile ou inexacte la première. La beauté, la vraie beauté, n’existe pas sans une part de laideur, d’imperfection et de blessure. Ce n’est pas la perfection qui est grande — si elle existe ! —, mais le pardon. Parce qu’il y a imperfection, la grandeur de l’amour peut s’exprimer dans sa pleine mesure.
La Croix révèle la grandeur de l’amour de Dieu. Sans mesure. Infinie. La sècheresse creuse la fertilité et l’appelle sans cesse. Au cœur des ténèbres, la lumière fait advenir le jour. Grâce au désert, j’espère Dieu. Dans la misère humaine, la mienne et celle qui m’entoure, je le reconnais. Bien vivant et bien vrai. Le désert et la Croix continuent de m’habiter et d’élargir mon âme aux dimensions du monde. Et il est bien qu’il en soit ainsi.