L’Esprit Saint marque la vie de Jésus et de l’Église beaucoup plus profondément qu’on ne le croit. L’évangéliste Luc, qui a aussi écrit les Actes desApôtres, souligne dès le début l’action de l’Esprit lors de la conception de Jean-Baptiste et de Jésus. Il est de nouveau présent au baptême et après le séjour au désert, lorsque commence la mission. Luc décrit combien la joie de l’Esprit envahit Jésus, quand les disciples reviennent de mission. La force agissante de Dieu le Père accompagne Jésus tout au long de sa mission.
Jésus rend l’esprit sur la croix, et à partir de là, c’est l’aventure de l’Église naissante qui prend son envol de manière nouvelle. À l’Ascension, la tentation est forte de « rester sur place », le regard tourné vers le ciel. Immédiatement, le messager céleste — ange, dans la langue du Nouveau Testament — leur dit d’aller à Jérusalem pour recevoir « la force d’en haut ». Même aujourd’hui, il reste toujours une tendance à chercher Dieu « vers le haut », à tenter de le rejoindre en haut. Mais l’Esprit nous envoie, en fait, dans la direction opposée.
Dans les écrits de Luc, l’Esprit est celui qui propulse l’Église vers les autres ; c’est un Esprit missionnaire. À travers le mystère pascal, nous héritons de la mission de Jésus (Ac 2). Comment savons-nous si nous sommes habités par l’Esprit ? Il suffit de voir comment se déploie en nous l’être et la mission de Jésus. Comme le dit saint Jean dans sa lettres (1 Jn 4), nous savons que l’Esprit nous habite quand nous aimons comme Jésus a aimé, quand nous servons notre prochain à la manière du Maître.
Le Triduum pascal, jusqu’à la Pentecôte, ne doit pas être « divisé », ou séparé, comme s’il s’agissait de réalités différentes. Une profonde unité existe entre la Semaine sainte et le Temps pascal. L’Esprit vient d’en haut et suscite la mission unique de Jésus et le conduit jusqu’au terme de sa vie terrestre. Mais le dynamisme qu’il vient insuffler ne s’arrête pas là. Il continue en nous.
L’Esprit vient d’en haut, non pour que notre regard reste « fixé sur le ciel », mais pour que notre cœur partage la préoccupation de Dieu pour son peuple et sa création. C’est d’ailleurs cela, la grande « leçon » du célèbre hymne à la charité de saint Paul (1 Co 13). Nous pouvons faire mille choses, toutes plus spectaculaires les unes que les autres, mais si nous n’avons pas l’amour, nous sommes des cymbales retentissantes. Paul plus que tout autre a parlé du rôle de l’Esprit dans la vie communautaire : il n’y a qu’un seul Esprit, un seul peuple, un seul Dieu. Au lieu de nous séparer des autres, au lieu de nous maintenir à distance, l’Esprit nous unifie et fait de nous une communauté. Différents, mais unis dans l’amour bienveillant. Voilà l’œuvre de l’Esprit.