À écouter les nouvelles, la pandémie du COVID-19 n’apporte que son lot de morts et de personnes infectées. Les propos sont alarmés et alarmants; on s’inquiète pour la santé, l’économie. On n’arrive pas à mesurer, à ce moment-ci, toutes les conséquences de cette épidémie. Et pourtant, dans cette pause mondiale, il y a aussi beaucoup de vie.
Les bulletins de nouvelles, chaque jour, commencent par le décompte des personnes infectées, en soins intensifs ou décédées. Nous y sommes habitués, maintenant. Nous l’attendons; nous espérons tous cette fameuse « crête » qui indiquera que la situation commence à s’améliorer. Nous redoutons, collectivement, que la courbe recommence à monter. On parle déjà de la deuxième vague qui serait à l’automne.
Et puis l’on s’inquiète des conséquences économiques : quel impact sur les revenu des familles? Des gens défavorisés? Sur le gouvernement? Les compagnies aussi nous posent la question des lendemains, de la reprise des activités, des conséquences à long terme. Pour beaucoup, la pandémie cause des soucis qui dépassent largement les questions de santé publique. Notre situation pourrait avoir de lourdes conséquences. Il est même difficile d’en mesurer l’ampleur.
Mais il y a autre chose.
Il y a des familles qui se sont retrouvées. Oui. Parce qu’avant, elles s’étaient perdues. Soudainement, apparaît un goût renouvelé d’être ensemble, de faire des activités comme cellule familiale. Je n’ai jamais vu autant de parents et d’enfants qui se promènent dans les rues, qui font du vélo, qui organisent des activités-nature. Pendant que les parcs de la villes étaient fermés, les réserves naturelles et les parcs nationaux ouvraient. On pouvait profiter de notre région à plein; il suffisait de garder la distance réglementaire d’avec nos voisins… s’il y en avait!
Combien de grands-parents ont appris à utiliser Skype ou Facebook, et ont pu prendre contact ou — mieux! — garder contact avec les petits enfants. Des familles qui ne se parlaient pas, voici qu’elles se retrouvent sur internet de manière régulière. Certains ont retrouvé le goût de la famille.
Et j’ose même poser une question : qui a dit que la meilleure chose pour l’humanité est la sacro-sainte « croissance économique »? Moi, personnellement, j’en suis de moins en moins convaincu. Je souhaite prendre le pouls, désormais, de la « croissance humaine » ou « humanisante ». Je mets de plus en plus en doute les « indices de santé économique », non pas en tant que données intéressantes, mais en tant qu’outils de mesure de notre santé à tous, les êtres humains qui habitent ce monde.
Quand je vois que 80 familles possèdent plus de 50% des richesses de la planète, quand je vois que le 1% laisse des miettes au 99%, dont nous sommes, je m’interroge. Sérieusement. Qui sont ceux qui souffrent de la pandémie, au plan économique?
Se peut-il que nous étions dans une voie qui nous entraînait vers la « ruine »… au plan humain? Se peut-il que nous soyons en mesure de construire un monde différent à la suite d’un tel événement au plan mondial? Mon confrère coréen, Paul, me disaient que des économistes et observateurs politiques de son pays le pensent profondément.
Il se pourrait que, de cette épreuve, beaucoup de bien jaillisse. Et de manière surprenante. Le bon Cardinal Jean-Claude Turcotte avait bien raison : « Quand des portes se ferment, l’Esprit saint inspire des gens qui en cherchent d’autres. »
Crédit-photo: National Cancer Institute (unsplash.com)