Quand on parle de l’Eucharistie, seuls ceux qui ne sont pas assez traditionnels deviennent conservateurs. En effet, les « conservateurs » s’attachent à des pratiques, des consignes ou des manières de faire qui ont cent ans, parfois deux cents ans. Pour ma part, quand je parle du sens de l’eucharistie, je rappelle toujours des traditions qui ont deux mille ans, et même trois ou quatre millénaires. Il faut aller beaucoup plus loin pour comprendre la « messe », et en profiter pleinement.
Tout commence avec un Dieu qui s’approche de son peuple. Déjà, pour Abraham, le roi-prêtre Melchisedek offrait le pain et le vin pour célébrer la victoire du Patriarche (Genèse 14,18-20). L’offrande est action de grâce.
Plus loin, dans le livre de l’Exode, le temps est venu de quitter l’Égypte; Moïse donne les indications pour le repas de ceux qui s’apprêtent à prendre la route de la liberté (Exode 12). Ce repas sacré que le peuple juif prendra jusqu’à l’époque de Jésus — et encore aujourd’hui ! — est le théâtre où Notre Seigneur offrira sa vie lors du « Dernier repas ». Notre messe a pour fondation le repas de la Pâque juive, et négliger cela, c’est perdre de vue le plus important : temps d’arrêt avant le retour, telle un oasis, la messe nourrit ceux qui partent sur la route avec le Seigneur. L’Eucharistie est le repas des marcheurs, des disciples de Jésus.
Elle témoigne d’un Dieu présent et agissant, d’un Dieu qui se donne à nous, sans rien retenir. La « messe », ce n’est pas un rite, aussi sacré soit-il; non, l’Eucharistie, c’est Quelqu’un qui se donne. Entièrement.
Deux questions reviennent à ceux qui y participent : 1) accepterons-nous cette pause, « à l’écart » dans un lieu désert, pour accueillir sa parole? et 2) marcherons-nous à sa suite pour devenir aujourd’hui ses mains, ses yeux, son regard pour le monde? Car, oui, l’Eucharistie est un Dieu qui se donne, et qui appelle en retour, que nous nous donnions au monde. Voilà qui jaillit de notre tradition biblique sur l’Eucharistie.