Je suis de retour en Haute-Mauricie, sur le territoire de la nation Attikamek. Hier, j’ai revisité plusieurs endroits, dont la belle pointe entourée par la rivière Manawan. Beaucoup de souvenirs y sont associés : les miens, bien sûr, mais surtout ceux du village. Là, il y a la vie; là, il y a la mort. Ensemble, porteurs de vie…
D’aussi loin que je me souvienne, j’aime prendre des photos. J’aime regarder. Est-ce que cela est dû au fait que mon père était journaliste et que sous le siège de son auto, ses caméras étaient toujours prêtes à saisir l’instant? Les vieux appareils ont capté des accidents, des feux, des palais de justice, etc. De jour comme de nuit, mon père était prêt. Je n’ai pas les contraintes de son métier, mais j’avoue posséder un petit téléphone qui prend d’excellentes photos. J’aime l’utiliser et j’aime partager ces images.
Hier, je suis allé prier au cimetière des Attikameks. Voilà 18 mois que je ne suis pas venu à ce village que j’aime tant et depuis ce temps, quelques personnes sont décédées. Un aîné, fidèle catholique, Michel Basile nous a quitté il y a quelques mois… un petit garçon de 8 ans qui s’est fait frapper par un train…et d’autres histoires encore. J’ai prié. Je suis retourné à l’emplacement d’une jeune femme de 25 ans dont j’ai célébré les funérailles.
Après quelques instants, mon regard fut frappé par la beauté du lieu. Par sa paix. Les croix du cimetière étaient presque complètement ensevelies sous la neige, et les gens, pour se rendre au Calvaire, avaient creusé un chemin. Là, Jésus en croix et Marie veillent sur les gens. Et puis plus largement, le soleil brille de tous ses feux en cette fin d’après-midi hivernal.
La pointe est sacrée parce que les ancêtres y sont enterrés. Là aussi était situé une partie du village, autrefois. Tout près. Et puis aujourd’hui, on peut y voir des estrades. Durant le week-end de la fête du travail, chaque année, le village accueille amis et touristes et tient l’un des plus sympathiques pow-wows du Québec. On chante, on danse, on célèbre les traditions ancestrales… juste à côté du cimetière. Pour moi, c’est très parlant.
Vendredi soir, je soupais avec Alain et Michelle, un couple diaconal de La Tuque; de là, en effet, l’équipe pastorale dessert Wémontachie. Et nous constations à quel point le deuil est encore soigneusement vécu chez les Attikameks. Pas d’emprise commerciale, pas de célébrations à la sauvette, pas d’activités trop nombreuses. Lorsqu’il est temps de veiller au corps, jour et nuit, les gens s’y présente. Nombreux. Et l’atmosphère est triste, bien sûr, mais aussi bon enfant. Les gens se rappellent, racontent, et rigolent même, en présence de la personne décédée.
Pour moi, aucun doute, la mort fait encore partie de la vie, pour les Attikameks. Et je suis certain qu’ils ont choisi la meilleure part.