Belle idée de fou ! Il y a deux ans, en parcourant la Gaspésie, je me suis mis à rêver d’un pèlerinage pour les jeunes frères franciscains du Canada : « Sur les pas des Récollets ». En effet, partout, je trouvais des traces de ces valeureux missionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles. Après quelques échanges passionnants avec le Fr. René Bacon — qui a réalisé un dictionnaire sur les 345 franciscains Récollets — je me suis lancé ! J’ai invité mes confrères à parcourir le Québec d’autrefois, à comprendre l’ampleur de ce que leurs pères en vie franciscaine ont vécu, il y a de cela 400 ans. Je me suis laissé prendre aussi.
Mon premier moment de séduction fut un paysage époustouflant, sur le Massif, en Charlevoix. Dans un sentier, nous étions invités à méditer sur l’arrivée des Récollets, mais aussi sur les motivations de notre propre cheminement, aujourd’hui. Pourquoi suis-je Franciscain? En prenant connaissance de toutes les difficultés qu’ont vécu ces premiers missionnaires, je n’ai pas pu m’empêcher de réfléchir à mon niveau d’engagement et au sens de tout ce que je fais. Le pèlerinage avait commencé, solide, pour moi, dès le premier jour.
Il me suffit de peu de choses, en fait : le toit d’une tente, un bon « sleeping bag », une nourriture frugale, et hop! Je décroche. La nature que nous avons parcourue était magnifique. Il n’y a pas de plus beau lieu pour relire ces écrits anciens, mais tellement attachants et inspirants. J’ai un souvenir ému de la messe sur le bord de la mer, là où nous avons médité sur le naufrage du navire La Renommée, tel que raconté par le père Emmanuel Crespel. J’en étais à ma troisième lecture et, encore cette fois, j’en fut complètement remué.
Pour moi, le succès du pèlerinage se situait aussi au niveau de la fraternité. Les frères, en définitive, se connaissent assez peu; nous vivons si loin l’un de l’autre. Certains arrivaient de l’Alberta, un autre de Rome ou de Vancouver. Même les frères du Québec parcouraient des sentiers inhabituels. Bref, de 13 frères, venus chacun avec son histoire, sa culture, sa langue et ses motivations propres, un groupe s’est formé. L’amitié fut bien réelle; l’attention mutuelle, tout autant.
De beaux paysages, des textes inspirants, des hommes qui ont choisi de suivre le Christ, à la manière de François d’Assise, un peu de temps et il ne peut que se passer des petits miracles. C’est ce que j’ai vécu. Il semble que je ne sois pas le seul.
Souvenirs inoubliables, où le passé, le présent et l’avenir de la vie franciscaine au Canada se rencontrent en un moment d’Éternité.