(Mon homélie du 8 mars 2019, Mt 9, 14-15)
Il y a beaucoup de raisons de jeûner. Comme pour les animaux, la nécessité de manger est un rappel de nos besoins naturels. Nous mangeons parce que nous avons besoin de nourriture pour vivre. La nécessité de la nourriture est un rappel que notre vie dépend des certaines conditions, que notre existence est contingente au lieu d’être nécessaire.
Même si nous comprenons que notre existence est contingente, nous connaissons que nous possédons notre existence. Je suis vivant et de plus, je possède une vie. Être vivant et être moi ne sont pas exactement la même façon de parler de mon existence. Nous ne vivons pas seulement, mais nous menons notre vie. C’est la différence entre nous et les animaux.
En conduisant notre existence, nous sommes responsables de la manière dont nous menons notre vie, même si la décision de commencer notre vie n’est pas la nôtre. Peut-être pensez-vous que cela n’est pas juste. Un sentiment de manque de contrôle peut découler de cette compréhension.
Le jeûne peut être un effort pour rétablir ce contrôle. La décision de jeûner, c’est le moi qui prend le contrôle de mon existence, en vivant volontairement sans nourriture pour une période de temps. Cela me rappelle que ma vie ne dépend pas seulement de moi, mais des conditions qui sont au-delà de moi. Quand le jeûne est fini, manger devient non seulement une expérience plus agréable qu’un repas ordinaire, mais aussi une occasion pour célébrer la valeur de notre vie que nous avons reçue en cadeau.
Pour les disciples de Jean le Baptiste, le jeûne exprime leur façon de se repentir. Ils sont désolés de la façon de vivre et ils veulent se repentir pour être plus proches de Dieu. Leur décision de ne pas manger veut nous dire qu’ils pensent qu’ils ne sont pas dignes d’avoir la grande responsabilité de mener leur vie.
Pour les disciples de Jésus, la situation est différente. Ils sont proches de Dieu en étant proche de Jésus. Cette proximité est une occasion de joie et les personnes joyeuses n’ont pas besoin de jeûner. Dans la joie, nous sommes parfaitement vivants et nous contrôlons parfaitement notre vie, parce que nous vivons comme Dieu le veut.
Cependant, aujourd’hui, nous sommes en carême et beaucoup de disciples de Jésus jeûnent. Mais il y une différence importante entre notre carême et le jeûne de Jean le Baptiste. Le jeûne du carême est pour une période de temps, pour quarante jours, une fois chaque année. C’est seulement pour nous rappeler que nous sommes entre la vie ordinaire, la vie qui dépend de la nourriture ordinaire et la vie dans la perfection de Dieu. Nous sommes entre la vie des pécheurs et la vie des saints. Nous avons eu l’expérience de la proximité de Dieu dans notre conversion à lui, mais nous restons pécheurs aussi.
C’est pourquoi nous avons besoin d’une période de jeûne. Dans l’esprit de l’évangile, le jeûne nous donne la force de résister au mal et, comme dit le prophète Isaïe : « Faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ».