Le monde a reçu un cadeau de Noël très attendu : des vaccins qui promettent de stopper la pandémie de COVID-19. Il est stupéfiant qu’on ait réussi à les concevoir, à les tester et à les approuver en à peine un an. Les premiers vaccins ont été fabriqués grâce à une toute nouvelle technologie, jamais utilisée auparavant dans la pratique clinique. Les vaccins sont sûrs et très efficaces. Je ne connais aucun succès récent de la recherche biomédicale qui soit aussi spectaculaire. C’est là un signe éloquent des progrès réalisés par les sciences biomédicales dans leur compréhension des maladies humaines. Il s’agit d’un merveilleux cadeau à recevoir en ce moment, un cadeau dont nous avons grandement besoin.
Évidemment, le premier constat qui ressort de la pandémie, le rappel de notre fragilité humaine, demeure. Malgré des décennies de recherche, il n’existe toujours pas de vaccin pour de nombreuses maladies infectieuses. Les progrès en matière de vaccins contre le VIH, la tuberculose et le paludisme se font à un rythme terriblement lent, et ces trois maladies tuent chaque année trois millions de personnes. Le vaccin contre la COVID-19 a été plus facile à mettre au point, car nous avons tout de suite su que notre système immunitaire a la possibilité d’éliminer le virus. Néanmoins, l’approche gagnante pour la fabrication du vaccin impressionne par sa simplicité et par son originalité. Elle utilise des nanoparticules lipidiques qui comprennent de l’ARN messager. Celui-ci fournit l’information génétique du coronavirus la plus susceptible de déclencher une réponse immunitaire efficace. Un message génétique est ainsi envoyé au système immunitaire, le prévenant de la nécessité de produire les bons anticorps pour bloquer le virus.
Le premier de ces vaccins est le fruit du travail de scientifiques en Allemagne, dans une société fondée par un couple d’origine turque. Son père à lui travaillait dans l’industrie automobile, et son père à elle était médecin dans un petit hôpital catholique. En grandissant, en voyant son père au travail, elle a appris l’importance de consacrer sa vie au service, et elle a été particulièrement inspirée par les religieuses catholiques qui y œuvraient. Elle a même voulu se joindre à elles, mais en tant que femme musulmane, ce n’était pas sa vocation. Tous deux ont fait des études de médecine et ont ensuite entamé une carrière dans le domaine de la recherche biomédicale et la compréhension rationnelle de la nature pour trouver des remèdes aux maladies.
Nous oublions souvent les histoires humaines qui se cachent derrière les découvertes scientifiques. La recherche médicale a connu une époque exceptionnelle, au temps des Edward Jenner, Louis Pasteur et Robert Koch, lorsque l’humanité a découvert les microbes et a acquis une compréhension rationnelle des maladies humaines. Leurs travaux ont révolutionné la médecine, et tout le monde connaissait leurs noms et leur histoire. Aujourd’hui, nous sommes plus habitués à des progrès lents mais constants, rarement assez spectaculaires pour inspirer les profanes. L’entreprise de recherche se sent comme une machine impersonnelle, qui avance lentement. On ne remarque généralement pas les personnes qui la composent. Les travaux sur les vaccins contre la COVID-19 nous ont toutefois rappelé une autre vérité fondamentale. Le progrès est le fait d’individus qui travaillent fort, avec leurs propres histoires et leurs motivations personnelles.
En plus d’être reconnaissants, nous pouvons apprendre quelque chose sur notre foi. Celle-ci doit aussi être raisonnable, rationnelle et entièrement fidèle à notre nature humaine, que nous découvrons dans de telles histoires de vraies personnes. Avec la foi, nous voyons dans ces récits que la nature humaine est bien davantage que ce que l’on voit par la seule recherche scientifique. La personne humaine est plus que ce qui est mesurable et impersonnellement objectif. La nature humaine est la nature de l’être personnel, la nature de la personne humaine révélée dans l’histoire de vie de chacun, de chacune.
À Noël, nous nous souvenons de ce moment où Dieu s’est fait homme, où le Verbe de Dieu s’est fait chair et est devenu l’un des nôtres. Nous écoutons le récit de la naissance de Jésus à Bethléem. Jésus de Nazareth, à la fois Dieu et homme. Il est la révélation de Dieu, mais aussi la révélation de l’humanité dans toute sa perfection. Le comprendre, c’est comprendre la nature humaine.
La réalité du Christ qui nous a été révélée est la réalité de l’amour, la réalité de l’amour pour Dieu et pour toute l’humanité. Pour comprendre cet amour et vivre dans cet amour, notre raison doit être façonnée par la compréhension de l’histoire de la vie de Jésus. Nous la trouvons dans les évangiles et dans la façon dont ils ont façonné la vie des disciples du Christ tout au long de l’histoire humaine. Elle nous enseigne comment des relations faussées sont appelées à être rétablies. C’est en agissant par cet amour que l’on guérit les blessures de division qui nous séparent. C’est un amour qui rétablit notre unité. C’est la révélation de l’amour divin qui réconcilie l’humanité avec Dieu.