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En préparation au Chapitre général des Nattes de 2025, la Province Saint-Esprit du Canada a organisé un rassemblement de frères et de jeunes adultes (18 ans et plus) de partout au pays. L’assemblée synodale de trois jours s’est tenue du 16 au 19 février 2024. Le thème de la rencontre était : Rebâtir mon Église : charisme, communion, mission. Ce document est un rapport de synthèse des discussions de groupe, qui ont porté sur les trois thèmes de notre Chapitre général des Nattes de 2025 – Charisme, communion et mission.
Participants
Parmi les participants – au nombre de 49 –, on comptait :
17 frères franciscains
Le Ministre provincial et son Définitoire
Le Secrétariat provincial pour les missions et l’évangélisation
Le Secrétariat provincial pour la formation et les études
Des assistants spirituels de l’OFS et de la JeFra
Des frères qui exercent divers ministères au Canada
29 laïques (dont 16 femmes)
2 religieuses franciscaines
1 postulant
Total = 49
Processus
Le processus utilisé pour les échanges est celui du Synode sur la synodalité (Pour une Église synodale : communion, participation et mission), tiré de l’Instrumentum Laboris du Synode 2023.
Questions
Les participants ont échangé autour des questions suivantes :
Charisme – A) Qu’est-ce que nous entendons sur la route avec Jésus ? Où en sommes-nous avec l’Église ?
Une réflexion sur la route d’Emmaüs a rappelé aux participants que nous cheminons tous ensemble avec Jésus. Même si nous ne savons pas où Jésus nous conduit, nous avons le privilège de faire route avec lui et nous sommes reconnaissants de cette grâce. Pour les participants, cela implique un sentiment de gratitude pour notre appartenance à l’Église. La richesse d’avoir une communauté à laquelle appartenir est apparue comme quelque chose de très important. L’appartenance conduit à un sentiment de propriété, qui est compris comme étant partagé plutôt que possédé. En d’autres termes, l’Église est « notre » Église au sens où Dieu est « notre Père ». Nous y appartenons, même si nous sommes appelés à être sine proprio – nous ne pouvons pas être possessifs à l’égard de notre Église. Nous désirons écouter et discerner ensemble la voix de l’Esprit.
Charisme – B) Ai-je entendu la voix de Dieu ? Comment Dieu et l’Église me parlent-ils ?
Les participants ont réfléchi à leur propre expérience d’écoute de la voix de Dieu, afin de comprendre la diversité des façons dont Dieu parle aux disciples. Il est apparu que Dieu nous appelle de diverses manières; parfois, il parle à travers des signes subtils. Ceux qui entendent la voix de Dieu ont besoin d’un jugement avisé et de discernement pour être en mesure d’interpréter les signes. Un esprit de prière et de dévotion, dans le contexte de la vie liturgique de l’Église et des sacrements, s’avère une ressource utile pour accueillir l’appel de Dieu. Les Écritures, le Magistère de l’Église, la famille et les amis, l’exemple de Marie et une rencontre personnelle avec Jésus sont autant d’éléments qui nous permettent de comprendre l’appel de Dieu. Surtout, les participants ont reconnu qu’ils désiraient tous et toutes appartenir à la famille de Dieu, et qu’ils étaient donc appelés à une conscience de soi (c.-à-d. de leurs faiblesses) dans le but de découvrir l’authentique mission de Jésus.
Communion – Que signifie être une Église synodale ?
Pour les participants, il est très important d’être une Église de style synodal. Tous ont reconnu que le fait de se réunir comme nous l’avons fait, autour de petites tables, hommes et femmes, religieux et laïques, disposant d’un même temps d’écoute et de parole, constituait une manière prophétique d’être Église. Les participants ont senti que Jésus était présent dans leurs discussions et qu’en vivant de manière synodale, c’est-à-dire dans l’inclusion, le respect de leur diversité et la prière, ils étaient en train de bâtir le royaume de Dieu. Les participants ont affirmé qu’une Église synodale est une Église inclusive, diverse, ouverte, à l’écoute et attentive, mais aussi enracinée dans les Écritures et dans la tradition de l’Église, ainsi que dans la tradition de l’ordre franciscain. Il est apparu qu’un dialogue respectueux, où le lien d’amitié est établi et maintenu, est le meilleur moyen de communiquer la sagesse de notre tradition.
Mission – Où l’Esprit conduit-il l’Église aujourd’hui ? Qu’est-ce que l’Esprit nous dit ?
Les participants ont exprimé le désir de voir l’Église retourner à ses racines et sortir à la rencontre du monde. Beaucoup ont utilisé l’image de l’Église comme une « maison pour tous », pour justifier le fait de partir à la recherche des personnes égarées, désorientées et exclues. L’amitié avec les blessés, les victimes d’abus, les membres du sexe opposé, les couples et les personnes homosexuelles est apparue comme un appel pour les croyants. Certains ont exprimé que l’Esprit appelle à un renouveau de la catéchèse, à plus de formation dans la foi, pour les adultes qui sont peut-être désintéressés, en colère ou peu informés. Les participants se sont vus appelés à évangéliser par le témoignage personnel, le partage d’histoires personnelles, l’enseignement des éléments essentiels de la foi dans le respect et la patience, mais non sans courage. Ils ont exprimé un appel à intégrer les croyants marginalisés et à faire confiance à Dieu qui agit en eux. Ceux et celles qui sont animés par l’Esprit vivent dans la joie, l’hospitalité et le pardon. Si nous osons aller là où les autres ne veulent pas aller, ou encore là où nous ne nous sentons pas à l’aise, alors nous témoignons de la véritable joie de l’Évangile et nous nous mettons au service des autres.
Annexe
Voici les réponses de notre Province aux questions posées dans le cadre de la préparation au Chapitre général des Nattes de 2025. Ces réponses sont basées sur les apprentissages exprimés ci-dessus dans le rapport de synthèse.
Charisme (1) Renouveler notre vision : à quels aspects de notre charisme devrions-nous nous ouvrir aujourd’hui ?
En tant que franciscains, nous disposons d’une ressource merveilleuse en la personne de notre fondateur. Si la fidélité de saint François à son Église était solide, elle ne l’a pas empêché d’appeler l’Église à la réforme et au renouveau. Il l’a fait en donnant un exemple d’accompagnement, en choisissant la solidarité (ou, pourrait-on dire, la synodalité) avec les pauvres comme voie pour découvrir Jésus. La spiritualité de saint François autour de la primauté du Christ Jésus est un exemple pour nous aujourd’hui. Notre charisme nous appelle à vivre et à nous épanouir au sein de l’Église, mais aussi en relation avec Jésus. Notre charisme nous oriente vers un esprit de prière et de dévotion, une vie liturgique et une réflexion consciente sur l’Évangile. Aussi, l’orientation de François, comme celle de Jésus, vers les membres marginalisés de l’Église est pour nous un enseignement. La solidarité de notre fondateur avec les lépreux, les femmes, les pauvres, etc., nous invite à faire nôtre l’esprit d’Emmaüs. Puissions-nous toujours désirer marcher sur la route; puissions-nous toujours désirer que d’autres fassent route avec nous.
Communion (2) Marcher selon un style particulier : quel est le style prophétique de la fraternité dans un contexte de minorité ?
En un mot, le style prophétique d’une fraternité en contexte de minorité est un style synodal. En tant que fraternité, nous sommes un microcosme de l’Église. Notre fondation a été inspirée par les Actes des apôtres et l’exemple de l’Église primitive. Nous sommes donc appelés à une attitude humble et respectueuse envers toute personne en quête de solidarité. En tant que frères mineurs, nous désirons vivre l’amitié avec les croyants marginalisés. Cela signifie créer des espaces pour que les croyants marginalisés, les pauvres, puissent se rassembler et exprimer leur communion avec Jésus. Cela implique également de donner aux personnes laïques les moyens de partager, de manière coresponsable, notre mission, en favorisant un sentiment d’appartenance à notre charisme. Au cours de nos discussions, il a été particulièrement souligné que la rencontre de saint François avec le loup de Gubbio peut être riche en enseignements. Un style prophétique, ou un témoignage chrétien, consiste à faire face à ce qui pourrait nous sembler menaçant et à établir des liens d’amitié.
Mission (3) Accueillir l’avenir : témoignage-mission… au service de qui et comment ?
Il est évident que les Franciscains sont envoyés pour être parmi les pauvres et pour se mettre à leur service. Et la pauvreté revêt de nombreuses formes. Il est également évident que nous sommes envoyés à tous ceux et celles qui cherchent leur place au sein de la communion de l’Église et qui peinent à la trouver. Un esprit de service nous pousse à sortir de nous-mêmes et à nous lier d’amitié avec des personnes que nous aurions autrement évitées. Nous nous mettons au service des croyants des périphéries, des pauvres, en témoignant de l’Évangile, qui comprend notre identité franciscaine, en bâtissant des lieux où tous et toutes peuvent faire l’expérience de l’accueil et de l’appartenance au nom de Jésus.
Lectures complémentaires
« Du 16 au 19 février, des frères de partout au Canada, deux sœurs franciscaines et plusieurs laïques, hommes et femmes, se sont réunis pour un week-end d’écoute et de partage synodal au centre de retraite du Mount St. Francis. Ce groupe diversifié, d’origines et d’âges variés, s’est penché sur ce que signifie être Église aujourd’hui et rêver l’Église. Nous nous sommes penchés sur le charisme de l’Église, sur la manière dont nous sommes appelés à la communion et envoyés en mission. Voici le résumé qui a été présenté au groupe… »
Reconstruire mon Église – Charisme, communion, mission — Michael Perras, OFM
« Il y a une joie profonde et intense à se montrer vulnérable devant le Christ. Ceci fut l’une de mes prises de conscience les plus marquantes en participant au Synode Franciscain au Mont Saint Francis à Cochrane, Alberta, la fin de semaine dernière. Pour la première fois, des laïcs étaient invités à se joindre à une réunion à la Province du Saint-Esprit des Franciscains pour un discernement synodal. Des hommes et des femmes laïcs et consacrés, au total 49 d’entre nous venant de tout le Canada, se sont réunis pour discuter de la direction dans laquelle l’Esprit Saint menait l’Église et ce que signifie pour nous exactement une « église synodale »… »
Vulnérable avec gratitude — Noëlle M.
« Chaque activité du synode a débuté par une prière invoquant la guidance de l’Esprit Saint, tout comme moi, je vous encourage à prendre un moment pour une prière afin de demander Sa sagesse et Son discernement. Je suis allé au synode avec un grand espoir : entendre les chrétiens de tout notre pays sur la manière dont ils relèvent les nombreux défis auxquels nos églises sont confrontées aujourd’hui, et rapporter ce que j’ai appris pour aider, à ma manière, ma paroisse… »
Réflexions : Reconstruis mon Église — Luke S.
« Derrière chaque bénédiction se cache une invitation, ou comme le dit le proverbe populaire, « il n’y a pas de repas gratuit ». Le mandat d’être un « missionnaire de la synodalité » et, en particulier, d’organiser des rencontres synodales pour les prêtres au Canada, n’était pas le souvenir que j’avais cherché à rapporter d’Italie. Mais une invitation du pape à être ce que je suis est une invitation difficile à refuser... »
Reconnaitre l’invitation : Mon expérience au Synode des prêtres — Pierre Ducharme, OFM