par Benjamin Ripley, ofm
La dernière partie de l’évangile de Marc décrit comment Jésus a donné à ses disciples le mandat d’aller dans le monde entier et de répandre la Bonne Nouvelle. Il leur donné le pouvoir d’accomplir des miracles étonnants: chasser les démons, guérir les malades, parler en langues, manipuler des serpents venimeux et boire sans danger des poisons mortels (Mc 16, 15-18). Et les disciples sont partis, accomplissant ces grands miracles tout en prêchant l’Évangile.
Nous aussi, nous avons reçu la même mission de la part de Jésus. Je ne peux pas parler pour les autres, mais je n’ai jamais chassé des démons, guéri des malades ou parlé en langues. Je n’aime pas les serpents, et je n’ai aucune envie d’en manipuler un, encore moins un serpent venimeux. Et je suis assez futé pour éviter les boissons qui sont du poison, ou au moins d’en abuser (J) !
Alors, parfois je me demande à quel point je suis un bon disciple si je ne peux faire ces choses. En y réfléchissant, je me rends compte que je fais tout de même des miracles. Je ne pense pas que je me vante ou que je me présente pour ce que je ne suis pas. Je le dis parce que tous les chrétiens et toutes les personnes qui exercent un ministère accomplissent des miracles. Rien de spectaculaire comme ceux accomplis par Jésus et les premiers disciples, mais ce sont tout de même des miracles : des petits miracles !
Je suis bénévole au Foyer des marins, à Trois-Rivières, au Québec, qui offre des services aux marins, à tout l’équipage, qui arrivent au port de Trois-Rivières. Le Foyer des Marins fait partie du ministère Stella Maris de l’Église catholique. Je crois que des petits miracles sont au cœur même de ce ministère. Je le vois dans ce que font chaque jour des bénévoles du Foyer et dans ce qui se vit dans d’autres ports à travers le monde.
Je rencontre et je parle avec un marin de son foyer, de sa famille, de son travail et de sa vie en mer. À chaque occasion, je prends le temps d’écouter ses joies comme ses peines. J’accomplis un miracle de guérison en allégeant un peu son fardeau. Aux marins rencontrés, j’offre une présence, faisant ainsi savoir que quelqu’un s’intéresse à eux. Pour nous, les marins ne vivent que dans une machine géante qui transporte des marchandises d’un port à un autre. Ils en viennent à penser que la machine est le monde !
Chaque fois que j’offre un transport aux marins pour leurs besoins de base, aller faire des courses ou leur permettre de recevoir un vaccin anti Covid ; chaque fois qu’un bénévole réconforte et prie avec un marin qui souffre d’une crise personnelle ou familiale ; chaque fois que l’on fait quelque chose pour eux, montrant ainsi qu’ils sont appréciés en tant que personne, et pas seulement comme une pièce d’une machine, un petit miracle de guérison est accompli. Des petits miracles en apparence, mais des petits miracles puissants.
Ces petits services rendus sont en quelque sorte un ministère, quoi qu’on en pense. Pendant la pandémie, cela est devenu plus important que jamais. Chaque réconfort que nous apportons, chaque rencontre chasse les démons de la solitude, de l’isolement apportés par la pandémie. Tous les moyens créatifs que nous avons mis en œuvre ont chassé les démons de la frustration et de la futilité, si difficiles à éloigner.
Les deux dernières années ont modifié notre façon d’exercer notre ministère et de servir les autres, cela est certain. Mais nous avons persisté du mieux que nous pouvions, confiants dans le fait que la distanciation, les masques et les fermetures n’avaient pas le pouvoir d’arrêter ces petits miracles de se produire. Ces ministères de petits miracles sont la manière dont Jésus nous appelle à montrer au monde que nous sommes ses disciples. Puisse-t-il continuer à nous bénir et à nous fortifier chaque jour !
Crédit photographique : Le foyer des marins.