Tout juste rentré d’une stage missionnaire, le frère Gabriel Lacerte-Robitaille, un franciscain de 37 ans, a passé 5 semaines en Arizona. Confronté au destin des habitants de la réserve et à celui des migrants souvent venus de loin, il s’est joint aux frères qui oeuvrent à la mission San Solano. Cette mission est située sur la réserve amérindienne de Topawa, à proximité de la frontière mexicaine.
Les frères de la Mission interviennent concrètement pour soutenir la population de la réserve. Ils peuvent par exemple parcourir plusieurs kilomètres en camionnette pour aller livrer un réfrigérateur à une famille dans le besoin.
« J’ai aussi fait des rencontres avec l’équipe pastorale, je suis allé visiter des prisonniers d’une prison sur la réserve, ils sont environ 500. Les journées se suivent mais ne se ressemble jamais sur un lieu de mission», admet-il.
En plus d’offrir son temps, le frère Gabriel a beaucoup reçu en retour.
« Ma plus belle surprise est surtout au niveau de la grande passion qui anime les gens de la réserve quand un étranger arrive et s’intéresse à leurs coutumes. Beaucoup d’entre eux m’ont expliqué leur langue, son origine, m’ont enseigné quelques mots et ont pris du temps pour en apprendre aussi sur moi. Ils ont des légendes fascinantes et ils ont une façon de concevoir la Création et la nature qui est très poétique et respectueuse de la terre qui nous a été donnée».
L’église de la mission est considérée comme un sanctuaire. Ce qui signifie que dans ce lieu, les autorités ne peuvent pas arrêter les migrants qui s’y réfugient. « Nous leur offrons un endroit pour dormir, on leur donne 3 repas par jour que je cuisinais quand j’étais présent», dit ce frère qui est détenteur d’un diplôme d’études professionnelles en cuisine d’établissement. Que cuisinait-il pour ces gens et les frères de la Mission? De la cuisine de chez nous, comme du pâté chinois, des fèves au lard, du pâté à la viande ».
Outre les risques imminents de déportation, les migrants font face à d’autres dangers dans ces contrées peu hospitalières. « Il y a les serpents venimeux, on retrouve beaucoup de serpents à sonnette ou bien des tarentules et des scorpions ». Bien souvent, avant même d’avoir eu la chance de connaître l’Eldorado, « ils risquent tout pour bien souvent se faire prendre et être emprisonné ou expulsé», se désole-t-il. À travers son travail quotidien, les fouilles et les drames humains, le frère Gabriel est plein d’admiration pour ces déplacés. « Ce que j’ai pu constater, c’est leur courage et leur énorme désir d’une vie meilleure. Ces gens prennent de bien grands risques pour vivre une vie décente».