Frère Igais Julmus est prêtre de tout son coeur et de tout son être. Impressionné par le Christ qui a donné sa vie, ce jeune franciscain a décidé de lui consacrer la sienne en retour. Imprégné de la Parole de Dieu, il consacre sa vie à prêcher la Bonne Nouvelle.
Né à Haïti en 1975, il se destinait d’abord à une carrière d’avocat. Pourtant, avec les années, le jeune homme qu’il devient change peu à peu d’idée. Pendant ses études, un prêtre Montfortain reconnaît en lui un futur franciscain. Il fait alors la connaissance de l’un d’eux, un missionnaire de l’Ordre des Frères Mineurs, le frère Raymond Maillhot. Inspiré par la foi profonde de sa mère, il décide de devenir franciscain. Il fait 2 ans de postulat au Honduras en 2004 et entre au noviciat au Guatemala en 2007. Ensuite, il retourne à Haïti pour étudier la philosophie et la théologie. Il prononce ses voeux perpétuels en 2013 et est ordonné prêtre en 2015.
Parole d’Évangile
Ses aspirations? Enseigner la Parole de Dieu et vivre selon les enseignements de la Bible, particulièrement selon le passage qu’il aime particulièrement « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Mt 25, 40)
Plutôt réservé de prime à bord, sa vraie nature se révèle soudainement. Il l’avoue, il se sent vraiment bien lorsqu’il se retrouve en « fonction », comme lorsqu’il fait son travail de pasteur: entendre une confession, présider une célébration eucharistique, animer la pastorale, etc. « Présider 3 ou 4 messes par jour, pas de problème! C’est la joie! » Il reconnaît même avoir célébré 6 messes un dimanche lorsqu’il faisait du ministère à Saint-Domingue. « Pour prêcher, il importe de bien se préparer parce que ce n’est pas ma parole, c’est la Parole de Dieu. C’est pourquoi je dois bien faire ça. Au fond, je suis un instrument, Dieu passe à travers moi pour transmettre son message. »
À Montréal depuis octobre 2018, il partage son quotidien avec les franciscains de la maison de la Résurrection dans le quartier Rosemont. Étudiant à l’Institut de pastorale des dominicains, il est heureux de suivre tous les cours et la formation susceptibles d’améliorer son service à l’Église. Particulièrement attiré par l’animation pastorale auprès des personnes âgées, il aime rendre visite aux frères franciscains qui vivent et reçoivent des soins à la résidence Carrefour Providence. Il apprécie côtoyer les frères âgés. « Je veux les encourager à vivre dans la joie et la sérénité malgré la souffrance que peuvent éprouver certains. »
Adaptation réussie
Arrivé tout juste avant le début de l’hiver québécois, il a eu peu de temps pour s’acclimater à son nouvel environnement. « Ah l’hiver ce n’est pas embêtant. Grâce à Dieu je n’ai pas été malade, j’ai pu sans problème continuer à propager sa Parole. » Il faut dire qu’il avait déjà expérimenté le froid lorsqu’il habitait au Guatemala. Le mercure sous zéro, ce n’est pas suffisant pour l’arrêter. Il est prêt à se rendre n’importe où pour répandre la Parole de Dieu. « Me voici, comme un enfant. « (chant liturgique P125).
En référence à la neige, il s’amuse. « Vous avez un pays béni, c’est comme de la farine qui tombe du ciel! » Il a vite constaté que la vie suit son cours, malgré les aléas de la météo. « Tout le monde continue son travail. » Il a rapidement compris que bien équipé, avec bottes et manteau adéquat, l’hiver n’est plus un problème.
Franciscain tout azimut
Vivre parmi les franciscains de la maison de Rosemont, à Montréal, n’est pas bien différent des autres lieux où il a habité. « La joie, l’accueil, la vie religieuse, la communauté: la vie franciscaine est la même partout. » Bien que le français soit sa deuxième langue (après le créole), il admet que le fait de vivre ici en français facilite son adaptation. Il a également comme atout linguistique la maîtrise de l’espagnol, héritage acquis lors de ses séjours en Amérique centrale.
Vivre d’espérance
Une des plus grandes différences d’avec sa culture d’origine est la laïcisation de la société. Au Québec, les prêtres et les franciscains ne portent pas leur habit, ou très peu. Il est déconcerté par l’interdiction de porter des signes religieux dans l’espace public et il s’étonne encore davantage que la religion ne soit pas enseignée aux enfants dans les écoles québécoises. « Est-ce que ça cause problème? Ne peut-on pas parler de celui qui a donné sa vie pour nous? De celui qui trace un chemin, la vérité de la vie? »
Auparavant, les missionnaires se rendaient à Haïti et ailleurs pour répandre la Bonne Nouvelle. Maintenant, c’est le contraire qui se passe. « Dieu est caché dans un coin, on ne doit pas se laisser contaminer par ceux qui n’ont pas la foi. C’est à nous de transmettre le message de Dieu, de livrer un témoignage de foi. »
Le frère Julmus suggère d’y aller de petits gestes pour transmettre le message. On doit continuer de parler de Jésus aux gens. Bien que la population ne soit plus aussi nombreuse à se déplacer pour la messe dominicale, ce franciscain plein d’espoir croit que l’on peut faire beaucoup avec ceux qui viennent à l’église pour des mariages ou des funérailles. L’idée est de semer une graine. Récolter plus tard. « J’aime marcher dans les rues de Montréal, parfois avec d’autres frères, et parler aux gens. Je salue les inconnus dans le bus. Parfois, j’engage la conversation avec eux. » Sans mentionner qu’il est prêtre. « Surtout, je les écoute. »
« On doit garder la foi, être positif. Tout va s’arranger. »
Julie-Isabelle Baribeau