Par Pierre Ducharme, OFM
Pâques offre des raisons d’espérer. La liturgie du Triduum, mémorial du passage pascal du Christ, exprime bien les raisons fondamentales de notre espérance. Pour les frères qui œuvrent dans de grandes paroisses urbaines, les célébrations – et nos âmes mêmes – sont enrichies par la présence d’une assemblée plus nombreuse qu’à l’habitude. La présence d’une foule inhabituelle est toujours porteuse d’espérance.
Tout en étant reconnaissant de voir certaines personnes à Pâques, je me demande souvent s’il ne serait pas possible de rendre leur présence plus régulière. Y aurait-il moyen de faire revenir certaines foules le deuxième dimanche de Pâques, par exemple? Peut-être reviendraient-elles pour d’autres raisons que la messe? À défaut d’une Église vivante , perçue de façon positive et ayant un impact social, j’espère toujours qu’elles reviendront.
On a un jour posé à Mgr Thomas Dowd une question portant sur la contribution, ou l’impact, de l’Église sur la société canadienne. Mgr Dowd était alors évêque auxiliaire de Montréal. Celui-ci a répondu, à juste titre, en parlant des soins de santé, de l’enseignement et des services sociaux catholiques, qui apportent tous un soutien à de nombreuses personnes et fournissent des emplois. Le contexte était une série de questions auxquelles toutes les communautés chrétiennes, y compris les paroisses, doivent répondre : y a-t-il quelqu’un d’autre que vous qui a besoin de vous? Votre communauté locale, en particulier les pauvres, se sentirait-elle dépourvue si vous disparaissiez subitement? Comment êtes-vous perçus par le monde qui vous entoure?
À la paroisse St. Joseph the Worker de Richmond, en Colombie-Britannique, nous avons récemment pris des mesures pour que la contribution de l’Église à la société soit bien perçue, qu’elle ait un impact et soit appréciée. Grâce à une subvention de démarrage accordée par un autre organisme de bienfaisance, nous avons instauré un « repas communautaire » hebdomadaire. Chaque samedi soir depuis septembre dernier, des bénévoles de la paroisse servent un repas assis à plus de 75 personnes du quartier. Chaque semaine, des foules se rassemblent pour des raisons autres que la messe. Elles se rassemblent pour manger. La paroisse, quant à elle, contribue, bien que de façon modeste, à la « sécurité alimentaire » au Canada.
La mise en place du repas communautaire est devenue une source de fierté pour les paroissiens et les frères de St. Joseph the Worker. Nous nous réjouissons de pouvoir attirer d’abord les bénévoles, puis les gens à qui nous donnons à manger. Mais surtout, le repas communautaire constitue un moyen de survie pour les habitués qui en dépendent.
Pâques offre des raisons d’espérer. À Richmond, notre espérance est nourrie par une foule qui ne s’est pas rassemblée, et certainement pas à l’église, à Pâques l’année dernière. Il s’agit de cette foule qui vient, qui se rassemble tous les samedis soir, pour manger.