Encore aujourd’hui, cet excellent prédicateur, celui qui faisait courir les foules au début du 20e siècle, inspire et fascine toujours. Homme d’exception, il fait encore parler de lui, plus de 100 ans après sa mort.
Encore aujourd’hui, des gens de tout horizon se déplacent pour vivre un pèlerinage ou entendre une prédication. De nouvelles dévotions se développent. Son histoire est bien présente dans la tradition orale de nombreuses familles, au Québec et ailleurs. Ils aiment raconter son histoire, se souvenir de son extrême pauvreté, de sa bonté, de son charisme, de ses guérisons et de ses miracles qui le mèneront vers la canonisation.
Vers la canonisation
Évêque émérite du Diocèse de Trois-Rivières (Québec), Mgr Martin Veillette ne s’attendait pas à ça. Avec une pointe d’humour, Mgr Veillette ajoute. « À mon âge, je me pensais à l’abri de ces choses-là. »
Malgré la surprise du début, il accepte avec plaisir le poste de vice-postulateur pour la cause en canonisation du Père Frédéric, pour rendre ce service à ses amis franciscains.
Depuis sa retraite en 2012, Mgr Veillette siégeait à titre de représentant du Diocèse de Trois-Rivières au Conseil du vice-postulateur, comité instauré pour épauler celui-ci dans ses tâches.
Présent à Rome lors de la béatification du Père Frédéric, en 1988, Mgr Veillette avait été nommé évêque depuis environ 2 ans. « C’est la première fois que j’allais à Rome et la première fois que je rencontrais le Pape Jean Paul II. »
Officiellement en poste depuis le 1er septembre 2020, Mgr Veillette a maintenant la tâche de défendre et de faire avancer la cause en canonisation… jusqu’à la canonisation. Il assure la présentation des dossiers afin de prouver la sainteté du Bienheureux Frédéric. Pour prouver la sainteté, on doit prouver qu’il y a eu miracle. « On parle de miracle lorsqu’une guérison est jugée inexplicable autrement au plan des données actuelles de la science. » Il doit aussi être prouvé que le miracle est imputable au Père Frédéric. Il doit s’être produit par la seule intercession de celui-ci.
« Une fois les dossiers montés, ils sont envoyés à la Congrégation de la cause des saints, à Rome. Les dossiers sont examinés de près par différentes instances, comme par exemple, la commission médicale, formée par 7 médecins. » C’est un processus très complexe, il va sans dire.
Vocation inspirée
L’œuvre du Père Frédéric a des effets insoupçonnés dans la population. Sa bonté réconforte et sa protection encourage. Le frère Gabriel Lacerte, ofm, est originaire de Trois-Rivières. Il raconte comment, dans son enfance dans les années 80, il a appris à connaître la bonté du Père Frédéric.
Avec l’école, il se rend annuellement au Musée du Père Frédéric (appelé à l’époque la « Crypte du Bon Père Frédéric », par les locaux).
« Mon souvenir le plus précis de ces visites est celui où je me suis procuré la petite statuette et le long parcours durant lequel elle m’a accompagné. Le Père Frédéric était mon “refuge” protégé sur lequel je pouvais compter. »
Plus tard dans sa vie, il réalise à quel point le Père Frédéric a influencé son parcours tout entier. Assez pour vouloir suivre ses pas comme franciscain.

C’est ainsi qu’en 2014, il prend l’habit et rejoint les Franciscains en tant que postulant. C’est au couvent de Trois-Rivières, lieu où le Père Frédéric avait établi les fondations du Commissariat de Terre Sainte en 1888, qu’il a commencé sa formation.« Apprendre la vie franciscaine sous le regard de Frédéric m’a inévitablement influencé. D’ailleurs, une grande dévotion pour la Vierge Marie s’est développée et un amour certain pour ce lieu qu’est le Sanctuaire Notre-Dame du Cap. C’est aussi en écoutant le bon Père Roland Bonenfant raconter des moments de la vie du Père Frédéric que je me suis retrouvé à mieux connaître son œuvre. »
Alors qu’il vient de renouveler ses voeux, le 2 août 2020, le frère Gabriel entame sa quatrième année en tant que profès temporaire.
Anniversaire de décès du Bienheureux
Tout comme de nombreux événements touristiques ou religieux, la 6e édition du Préfestival du Père Frédéric (précédent le Festival de l’Assomption au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap) a dû être annulée pour cause de pandémie.
Afin de fêter l’anniversaire de sa mort (1916), les franciscains de Trois-Rivières ont célébré une messe le 4 août dernier, en la chapelle Saint-Antoine. Le père Michel Boyer, ofm, présidait l’assemblée. Il a parlé avec chaleur et éloquence du grand marcheur qu’a été le bon père Frédéric.
Environ 70 personnes s’étaient déplacées pour l’occasion, plusieurs franciscains bien sûr, certains de leurs amis et les gens qui ont l’habitude de fréquenter la chapelle quotidiennement pour l’Eucharistie. Fidèle au Père Frédéric, le père Roland Bonenfant, ofm, est l’ancien vice-postulateur de la cause du Père Frédéric. Le père Roland est aussi l’un des bons conteurs de la fraternité. Bon orateur, il ne se fatigue jamais de raconter la vie du Bienheureux, ajoutant quelques anecdotes au passage.
« D’abord dans sa France natale comme voyageur de commerce, puis en Terre Sainte de 1876 à 1888, sillonnant sans relâche le pays de Jésus en homme de foi, et ensuite au Québec, pour lancer le sanctuaire marial du Très Saint Rosaire, au Cap-de-la-Madeleine, de 1888 à 1902.
Enfin, de 1902 à 1916, année de sa mort, le père Frédéric a visité, souvent à pied, plusieurs diocèses du Québec. Il s’est porté à la rencontre des personnes, partageant la Bonne Nouvelle et apportant une oreille attentive et compatissante à tous ceux qu’il rencontrait. Le bienheureux Frédéric fut un homme en mission, le voyageur de Dieu, une source d’inspiration pour aujourd’hui. »
Julie-Isabelle Baribeau