Cette année, nous avons invité trois jeunes hommes à venir vivre un an dans notre communauté de Trois-Rivières en tant que postulants. Le postulat est la première étape de notre mode de vie, l’année qui précède le noviciat, et c’est l’occasion pour eux d’apprendre à nous connaître. Nous leur avons demandé de se présenter et de vous faire part de leur expérience! Voici leurs réponses.
Aldin Francis Canobas
Je m’appelle Aldin Francis Canobas, 32 ans, de Calgary, en Alberta, et je suis originaire des Philippines. Je suis l’aîné des trois enfants de Felix et Florida, et j’ai deux sœurs, Angeli et Ara. J’ai grandi dans une famille d’immigrants. Pendant une vingtaine d’années, ma mère a travaillé en Arabie saoudite en tant qu’infirmière diplômée, mais il y a environ dix ans, notre famille a enfin été réunie ici au Canada.
Je me souviens lorsque j’étais au secondaire, une des religieuses responsables de notre école m’a parlé et m’a encouragé à entrer au séminaire. Je faisais partie de la chorale, j’étais impliqué en pastorale jeunesse et j’étais catéchète bénévole. La sœur m’a dit percevoir que j’avais le potentiel de devenir un bon prêtre. J’étais jeune et j’avais bien des rêves et des idéaux, alors je lui ai poliment répondu non. Par la suite, je n’ai pas vraiment réfléchi à ma vocation pendant un bon bout de temps.
J’ai fait des études en sciences infirmières à l’Université de Santo Tomas. Puis notre famille a émigré au Canada en 2010. J’ai poursuivi ma carrière et ma réussite, et j’ai suivi le programme de transition avec l’Université Mount Royal. J’ai ensuite pu exercer la profession d’infirmier autorisé pendant cinq ans dans les services d’hémodialyse et de psychiatrie et santé mentale. J’ai également travaillé comme commis de charcuterie, aide-soignant à domicile et à l’hôpital, et comme employé de soutien dans un refuge pour sans-abri avant de devenir infirmier.
Pendant cette période, j’ai rencontré le Christ encore plus intensément grâce au programme pour jeunes adultes CFC Singles for Christ. J’ai voyagé avec eux en tant que membre, je suis devenu un responsable serviteur, puis j’ai finalement travaillé pendant un an comme missionnaire/agent de pastorale, avant de décider de participer au programme de postulat des Franciscains.
On peut lire dans l’évangile de Luc (14, 16-18) : « Un homme donnait un grand dîner, et il avait invité beaucoup de monde. À l’heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : “Venez, tout est prêt.” Mais ils se mirent tous, unanimement, à s’excuser. » J’ai fait comme eux pendant plusieurs années, car je savais que j’avais entendu l’appel de Dieu à le suivre. J’aurais pu entrer au séminaire diocésain ou chez les Franciscains dès 2013, mais je continuais à me trouver des excuses : la poursuite du succès, le désir de donner à mes parents une bonne vie, le rêve de fonder une famille, la peur des incertitudes, etc.
C’est pendant mon année missionnaire avec Singles for Christ que j’ai pu faire le point et vraiment réfléchir sur ma vie; j’ai vu alors que toutes mes excuses n’étaient plus valides, car Dieu s’en était déjà chargé. J’ai vu à quel point Dieu est fidèle et me poursuit sans relâche. Tout comme les serviteurs de l’évangile, les Franciscains, par l’intermédiaire des frères Carlos Ona, Dan Gurnick et Joachim Yoon, ne se sont jamais lassés de m’inviter et de m’accompagner. Aujourd’hui, je m’engage sur le chemin passionnant qui consiste à répondre à l’appel de Dieu et à découvrir encore plus profondément ma vocation.
David Noël
Si quelqu’un m’avait dit il y a deux ans que je deviendrais postulant chez les Franciscains, je ne l’aurais pas cru. J’avais planifié mon avenir (c’est du moins ce que je pensais). J’allais devenir professeur d’université, me marier et avoir une belle et grande famille catholique.
Mon point de vue a changé en novembre dernier, lorsque j’ai assisté à une fête organisée par les sœurs franciscaines à Hamilton, en Ontario. J’étais curieux de connaître leur mode de vie, car je n’avais pas rencontré beaucoup de religieux et je pensais que tous les ordres étaient cloîtrés. Les sœurs faisaient beaucoup de travail de pastorale auprès des familles et des sans-abri, mais leur vie était également enracinée dans la prière contemplative et l’adoration eucharistique quotidienne. Ce mode de vie m’a vraiment intrigué, et j’ai commencé à faire des recherches sur d’autres ordres franciscains et à me demander si je ne pourrais pas être appelé à devenir frère.
Après Noël, j’ai participé à la conférence Rise Up Youth, organisée par le groupe Catholic Christian Outreach; j’y voyais une excellente occasion pour en découvrir davantage et peut-être même rencontrer quelques frères. Pendant l’une des présentations, je me suis retrouvé à regarder le crucifix sur la scène, intérieurement convaincu de ma totale appartenance au Christ. Même si je me rends compte que, dans un certain sens, cela est vrai pour toute personne, j’y ai vu une invitation à m’abandonner à lui – à faire l’offrande de moi-même en acceptant de tout cœur la possibilité d’une vocation religieuse. J’ai pris cela à cœur et je me suis assuré de visiter le stand tenu par les Franciscains du Canada. J’y ai rencontré les frères Dan Gurnick et Gerry Clyne, de Cochrane. Je leur ai dit que j’envisageais la vie franciscaine; nous avons discuté pendant quelques heures et ils m’ont invité à participer à leur « Come and See » à Edmonton, en février. J’ai attendu avec impatience ma visite au couvent, et j’ai commencé à demander à Notre-Dame, Étoile de la mer, de me guider dans mon processus de discernement.
Le mois de février est enfin arrivé et j’ai fait mon voyage. Je me suis senti chez moi pendant mon séjour, comme si j’avais trouvé un endroit où je me sentais à ma place. L’événement le plus mémorable pour moi a été la soirée de Taizé. Nous chantions à la lueur des cierges dans la chapelle, chacun tenant un cierge qui avait été allumé depuis le cierge sur l’autel; on nous a invités à placer notre lumière devant l’autel si nous nous sentions appelés à le faire. Cela m’a rappelé l’idée que ma vie appartenait au Christ, ma flamme étant venue de la sienne sur l’autel, et j’étais invité à la lui offrir en retour.
À la fin du week-end, je suis arrivé à la conclusion que je devais passer à l’étape suivante et poser ma candidature au postulat. Il n’est pas possible de prendre la décision d’entrer dans la vie religieuse en restant assis dans sa chambre à la maison – je savais que je devais continuer mon discernement en vivant aux côtés des frères et en partageant leur vie quotidienne. C’est un geste que je suis heureux d’avoir fait, et je prie le Seigneur de nous conduire tous les trois, postulants, vers la vocation à laquelle il nous a préparés.
Hawkins Choi
Je m’appelle Hawkins Choi. Je suis né à Hong Kong le 10 décembre 1985 et j’ai été baptisé en 1987. Je suis menuisier. J’aime lire et écouter de la musique classique, mais ce que j’aime le plus, c’est l’adoration eucharistique. J’aime passer du temps avec Dieu sans penser ni faire quoi que ce soit, et simplement être en présence de l’Eucharistie. Par ailleurs, je peux aussi être une personne très active et j’aime les activités de groupe. J’aime le sport, j’avais l’habitude de jouer au badminton avec un groupe d’amis. J’aime aussi la nature, où je peux simplement m’émerveiller devant l’œuvre de Dieu. En fait, j’aime prier pour les gens et me promener dans la rue en priant pour les personnes que je croise. J’aime reconnaître Dieu en chacun, en chacune.
J’étais membre du comité de jeunes de notre paroisse, les jeunes de l’église St Agnes. L’une des activités du groupe est une importante retraite annuelle, qui rassemble une cinquantaine de jeunes pendant le long week-end de la fête de la reine Victoria. En 2014, notre animateur était le père Conrad, un franciscain de la province de l’Immaculée Conception. C’est lors de cette retraite que j’ai commencé à en apprendre un peu plus sur les Franciscains et sur saint François d’Assise. J’ai participé à mon premier « Come and See » en 2015. Après deux ans de discernement, alors que j’étais sur le point de passer à l’action pour répondre à l’appel de Dieu, j’ai trouvé quelque chose de différent lors d’un autre « Come and See ». Je me suis senti chez moi. Ce n’est pas seulement cette maison-là qui m’a fait sentir comme chez moi, mais toutes les maisons où je suis me suis rendu par la suite m’ont fait le même effet, et tous les frères que j’ai rencontrés m’ont donné le sentiment de faire partie d’une famille. Ensuite, je suis entré au postulat de la province de l’Immaculée Conception. J’ai cheminé avec eux pendant deux ans. Je me suis rapproché de saint François, et je veux suivre ses pas et marcher sur ma route dans l’esprit franciscain.
Malheureusement, leur noviciat et leur maison d’études se trouvent tous deux en Italie. Mais mes besoins médicaux personnels ne me permettent pas de me rendre là-bas. À l’époque, je croyais que c’était la fin de ma vocation franciscaine. Or souvenez-vous, parfois Dieu ferme la porte parce qu’il veut que l’on bouge aussi. Sous la conduite de l’Esprit Saint, j’ai pris contact avec la province du Saint-Esprit et j’ai réussi à y être transféré. Je suis maintenant à Trois-Rivières pour poursuivre ma formation. Je suis très reconnaissant d’être ici, avec les sept autres frères de la maison, et j’ai beaucoup appris de chacun. J’ai hâte de rencontrer tout le monde à l’avenir. Je vous remercie pour toutes vos prières et votre soutien. Je vais prier pour vous tous. Que Dieu vous bénisse.