Il y a 5 ans, une petite graine avait été plantée par le frère Joachim Yoon, ofm, et par un groupe de jeunes adultes Coréens en démarrant une activité appelée « Sharing love with the homeless » (Partager l’amour avec les sans-abris). Aujourd’hui encore, nous apercevons ces graines qui ont germé et qui continuent à pousser, ici, à la paroisse St. Francis (Parc-Extension, Montréal), grâce à la participation et l’implication de nos généreux bienfaiteurs et de nos dévoués bénévoles.
Les ados et jeunes adultes de ce groupe continuent d’organiser ces événements une fois par mois.
Décembre est un mois spécial. Le groupe franciscain de jeunes a partagé, le 14 décembre dernier, l’esprit de Noël en organisant un repas de Noël et en préparant des cadeaux pour les sans-abris. Poulet chaud, pommes de terre et carottes étaient au menu. En outre, on offrait quelques petits cadeaux comme des chaussettes chaudes, gants, foulards, chocolat, croustilles, jus et tangerines aux gens dans le besoin du centre-ville de Montréal. Une tasse de café chaud leur était également offerte, une attention fort appréciée par cette journée d’hiver.
Comme à l’habitude vers 9h00, environ 20 bénévoles de 12 nationalités différentes se sont réunis dans la grande salle de l’église Saint-François d’Assise pour commencer à travailler à différentes tâches. La présence de frères franciscains et de soeurs des Franciscaines missionnaires de Marie a été très appréciée.
Certains travaillaient à la cuisine pour aider à préparer les pommes de terre et les carottes. Nous sommes reconnaissants à une famille de Montréal qui avait préparé bénévolement le poulet pour tous les repas servis ce jour-là. Dans la grande salle, d’autres bénévoles travaillaient à remplir les sacs de cadeaux. Nous avons oeuvré tous ensemble dans la joie à la préparation de toutes ces choses pour remplir notre mission.
Lorsque la préparation a été terminée, les bénévoles ont partagé ensemble un repas de soupe aux nouilles. « Au moment de la préparation des repas pour les sans-abris, j’ai senti que nous étions une communauté de missionnaires, que nous ne faisions qu’un, travaillant ensemble pour un même objectif, pour que l’amour de Dieu se manifeste dans ce monde brisé », disait un membre du groupe. Les bénévoles se sont ainsi séparés en 3 groupes, nous étions alors prêts à partir en direction du centre-ville. Un groupe a commencé sa distribution au métro Atwater, l’autre au métro Berri UQAM et le dernier au métro Bonaventure.
Tous les groupes ont distribué les repas et les cadeaux dans l’amour et la joie. Une conversation s’entame lors que nous distribuons les repas. « Il ne s’agit pas seulement de leur offrir de la nourriture mais bien de rencontrer chacun d’eux personnellement et de leur parler. » À la fin de la journée, lorsque tous les repas ont été distribués, nous sommes retournés à la paroisse pour partager nos expériences et parler de ce qui nous avait le plus touché. « Un sans-abri ne voulait que le repas, pas le cadeau. Un de ses amis l’a quand même encouragé à prendre le cadeau. Il a finalement accepté en disant: Je vais l’offrir à ma fille ».
Nous avons tous été touchés par la compassion qu’un sans-abri a eu pour une sans-abri, qui était assise de l’autre côté de la rue. Il a partagé cette histoire avec nous. « L’hiver dernier, à cause du froid, ses mains ont gelé. Le médecin n’a pas eu le choix d’amputer les deux mains. S’il vous plaît, allez la voir, elle est assise là-bas. Je suis tellement reconnaissant d’avoir encore mes mains et mes pieds. » Il réalisait comment nos mains sont importantes et que souvent ont les prend pour acquises. Nous avons besoin de nos mains pour tout. « Je suis encore secouée d’avoir rencontré cette femme sans mains. »
À la station Atwater, il y a plusieurs Inuit sans-abris. Dans notre groupe, quelqu’un a des notions d’Inuktitut et leur a demandé leur nom et comment ils allaient. Elle s’est assise avec eux et leur a parlé. Une femme sans-abri avait le cou exposé au froid et lorsqu’une des bénévoles a recouvert son cou d’un foulard, elle s’est mise à pleurer. C’était vraiment touchant. Nous ne faisons pas qu’offrir de la nourriture, mais aussi une présence et de l’amour. Nous avons tous joint les mains et nous avons dit le Notre-Père en Inuktitut. Il y a eu beaucoup de larmes à la fin de la prière. C’était un très beau moment, ce n’était pas des larmes de tristesse, mais des larmes de bonheur.
Plusieurs personnes ont travaillé dans l’ombre pour rendre « Share love with the homeless » possible. Nous sommes très reconnaissants à tous les bienfaiteurs et les bénévoles.
Même les petits gestes font vraiment la différence.
Soeur Marianna Jung, FMM