Saviez-vous que c’est dans notre nature d’être pacifiques? « Aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même », ce n’est pas seulement une aspiration pour ceux et celles qui ont trouvé la foi chrétienne. Il s’agit de notre véritable nature.
Pâques célèbre la résurrection du Prince de la paix, qui semblait vaincu sur la croix. Le Christ est ressuscité, et une nouvelle création est déjà commencée. Mais cette nouvelle création n’écarte pas ce qui est déjà là. Le Christ ressuscité ne révèle pas seulement notre avenir, mais aussi, dès maintenant, notre véritable humanité.
C’est la guerre en Ukraine qui m’a fait penser à la paix, en ce temps de Pâques. Cela semble tellement naïf de croire que les humains sont faits pour la paix et non pour la guerre, et que la paix éternelle de Dieu est déjà avec nous, même dans notre vie présente. Quand on voit un pays penser que son voisin mérite de se voir dépouillé, et que ce pays se met à massacrer des hommes, des femmes et des enfants, alors il est difficile de croire que le genre humain est fait pour la paix. Nous pensions que de telles guerres surviennent lorsque des États s’effondrent, quand surgit l’anarchie, mais pas qu’elles découleraient d’une décision prise de sang-froid par le chef d’un État industrialisé, qui fait désormais partie intégrante de l’économie mondiale.
Peut-être croyez-vous qu’il faille jeter le blâme sur notre nature biologique, qui ainsi s’affirmerait et décaperait le mince vernis de la civilisation. Notre nature biologique inclut l’héritage de l’agressivité animale et l’apparent privilège des plus forts dans la biologie de l’évolution. Mais en fait, dans l’évolution, il est davantage question de coopération, comme le montre bien l’évolution vers des organismes et des écosystèmes toujours plus complexes. Quoi qu’il en soit, parler d’évolution et d’animaux nous fait passer à côté de l’essentiel. Être humain, c’est sortir de la perspective égocentrique de l’animal et faire nôtre le sens de notre vie. L’essence de la nature humaine, c’est connaître l’amour, la créativité, la bienveillance et la vie. Mais embrasser la nature humaine, c’est aussi savoir que nous pouvons nous tourner vers la violence.
Cette forme de violence n’est pas seulement extérieure à nous. Elle reste présente dans nos cœurs, surtout lorsque nous prétendons le contraire. Nous savons que nous portons au fond de notre être ce potentiel de conflit, qui est une contradiction. Nous avons une nature, et nous pouvons nous retourner contre elle. Nous pouvons être humains, et nous avons la possibilité de devenir inhumains. Cela nous arrive, qui que nous soyons. Mais nous détourner de notre nature n’est pas notre nature. Notre raison d’être, c’est d’être humains, et non pas de refuser notre humanité. Nous devons reconnaître notre humanité dans sa vraie nature et l’embrasser.
Le Christ est ressuscité! C’est le message qui annonce que la paix est plus forte que la guerre, même lorsque nous pleurons les pertes de vies innocentes provoquées par la guerre. Nous devons œuvrer pour la paix, nous devons agir pour protéger les innocents, et nous devons vaincre les belligérants. Mais nous devons d’abord croire en la paix comme étant notre vraie nature. Il ne s’agit pas de savoir qui est le plus fort. Nous savons déjà que la paix est la plus forte. Le savoir et en vivre, voilà l’essence de Pâques.
Crédit photo: Parents en deuil, par Käthe Kollwitz, Kerkhof Vladslo Diksmuide Collection – www.artinflanders.be – Hugo Maertens.