François et ses frères
Saint François d’Assise : sa vie et son message
La vie de saint François d’Assise nous inspire, même après 800 ans! Il a vécu de 1182 à 1226 et est devenu le fondateur de l’Ordre franciscain. Il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre religieux, mais son mode de vie est devenu si populaire dans l’Italie du Moyen Âge que de plus en plus de gens voulaient vivre comme il l’avait fait.
Saint François est né dans une riche famille italienne, fils d’un marchand qui souhaitait le voir devenir un membre respecté de la haute société. Mais cela ne s’est pas passé comme prévu. Des échecs dans ses activités mondaines, suivis d’une grave maladie, ont entraîné un profond bouleversement dans la vie de François. À la surprise de tous ceux qui le connaissaient, ce jeune homme riche a décidé de vivre désormais dans la plus grande pauvreté, sans aucun bien personnel. Au lieu de devenir riche et puissant, il consacrerait sa vie à la prière et à un humble travail au service de Dieu.
Écoutons-le décrire lui-même le moment de sa conversion : « Comme j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps; et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du siècle. »
Le secret consistait à trouver la miséricorde en étant miséricordieux. Voilà comment François a trouvé le Christ en servant les autres. De nombreux autres hommes et femmes ont été inspirés par son mode de vie, et le mouvement franciscain s’est rapidement développé pour exercer une influence déterminante sur la vie en Europe médiévale.
Un épisode nous inspire tout particulièrement aujourd’hui. Au cours de l’une des dernières guerres opposant le sultan d’Égypte et les croisés, saint François avait décidé de prendre le risque de conduire des négociations entre les deux parties. Il a simplement décidé de traverser entre les armées en conflit et d’aller rencontrer le sultan. Les deux hommes ont dû parler de religion et de ce que cela signifiait pour eux d’être musulman ou chrétien. Nous ignorons ce qu’ils se sont dit. Mais nous savons qu’ils se sont rencontrés, et que cette rencontre a été importante pour chacun d’eux. Aujourd’hui, 800 ans plus tard, cette rencontre constitue un exemple de la puissance du dialogue pacifique entre des personnes de confessions différentes. L’attention portée à la bonté qui est présente chez l’autre doit être le point de départ de tout dialogue, et la quête d’une véritable compréhension ne peut se faire que sur cette base.
Le plus bel écrit de saint François est Le cantique de frère Soleil, une hymne sur frère Soleil et sœur Lune, sur tous les corps célestes et les créatures terrestres qui, chacun à sa manière, rendent gloire à Dieu. La mission de François se poursuit dans tous ces hommes et femmes qui vivent leur foi dans la simplicité, l’humilité et la reconnaissance pour le don de la vie dans chaque créature de Dieu.
Très Haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, O Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
lequel est jour, et tu nous illumines par lui.
Et lui, il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi, Très Haut, il porte signification.
Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées claires et précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère Vent,
et par l’air et le nuage et le ciel serein et tout temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes sustentation.
Loué sois-tu, Seigneur, par sœur Eau,
laquelle est très utile et humble et précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par lequel tu nous illumines la nuit :
et lui, il est beau et joyeux et robuste et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, par notre sœur mère la Terre,
laquelle nous sustente et gouverne
et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
par ceux qui pardonnent par ton amour
et soutiennent maladies et tribulations.
Bienheureux ceux qui les supporteront en paix,
car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur, par notre sœur Mort corporelle,
à laquelle nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels !
Bienheureux ceux qu’elle trouvera en tes très saintes volontés,
car la mort seconde ne leur fera pas mal.
Louez et bénissez mon Seigneur et rendez grâces
et servez-le avec grande humilité.
La vie et les valeurs franciscaines
L’ordre des Frères mineurs, fondé par saint François d’Assise, est une fraternité dans laquelle les frères, suivant de plus près Jésus Christ sous l’action de l’Esprit Saint, se consacrent totalement à Dieu par la profession, vivant l’Évangile dans l’Église selon la forme observée et proposée par saint François. Les frères, disciples de saint François, sont tenus de mener radicalement la vie évangélique, c’est-à-dire : en esprit de prière et de dévotion, et de vivre dans une communion fraternelle; de donner un témoignage de pénitence et de minorité; d’annoncer l’Évangile au monde entier par charité à l’égard de tous les hommes et de prêcher par leurs actes la réconciliation, la paix et la justice; et de témoigner du respect envers la création.
(Constitutions générales de l’ordre des Frères mineurs, article 1)
Ce qui fait la particularité de la vie franciscaine et la différencie de celle des autres communautés religieuses, c’est ce qui nous garde unis bien concrètement : chacun d’entre nous s’inspire de la vie de saint François. Plutôt que sa règle ou les traditions de l’Ordre, c’est sa vie personnelle qui nous inspire et nous guide dans nos décisions personnelles.
L'ordre des frères mineurs
Lorsque nous parlons des Franciscains, nous désignons alors tous les membres du mouvement lancé par saint François d’Assise au XIIIe siècle en Italie. L’Ordre des Frères mineurs représente une grande partie de ce mouvement, et il se considère comme faisant partie de ce que nous appelons le premier ordre. Nous sommes des hommes qui vivent selon la règle écrite par saint François pour lui-même et pour les hommes qui vivaient avec lui. Il existe également un second ordre, fondé par sainte Claire, qui a appliqué les idéaux de saint François à la vie des moniales. Et il en existe un troisième, appelé tiers ordre, qui à l’origine était un ordre de laïcs. Aujourd’hui, le charisme original du tiers ordre se poursuit dans l’Ordre franciscain séculier.
Les membres de l’Ordre des Frères mineurs se nomment des frères. Nous vivons notre vie religieuse en communauté, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Nous sommes un ordre de prédicateurs qui vont dans le monde, et chacun prêche à sa manière : les uns par la parole, d’autres par les actes, certains par les deux, mais chacun selon ses capacités. Nous ne sommes pas destinés à la réclusion monastique; pour nous le rappeler, nous appelons nos maisons des fraternités plutôt que des monastères.
La désignation de « frères mineurs » nous rappelle que nous ne devons pas chercher à travailler comme des supérieurs puissants. Nous voulons être parmi les gens ordinaires et mener une vie ordinaire, tout comme Jésus Christ l’a fait lorsqu’il a annoncé son message d’une vie nouvelle.
On nous reconnaît à l’habit brun que nous portons et aux lettres que nous apposons à notre nom, « OFM ». Il ne s’agit pas d’un diplôme ou d’un honneur; cela fait partie de notre nom, pour nous rappeler que nous appartenons à la famille franciscaine.
À titre d’ordre faisant partie de l’Église catholique romaine, nous avons un Ministre général à Rome, appuyé par des conseillers généraux qui l’aident à diriger l’Ordre franciscain mondial. Chaque province franciscaine, cependant, se gouverne elle-même en poursuivant sa mission dans son pays, selon ses propres caractéristiques.