(Mon homélie, 1 decembre 2018, Luc 21:34-36)
Ce passage aujourd’hui se trouve exclusivement dans l’évangile selon saint Luc. Le passage conclue un discours apocalyptique, c’est-à-dire le discours concernant la fin du monde. Pour saint Luc, la fin du monde est un processus qui se termine quand nous nous tiendrons debout devant le fils de l’homme, c’est-à-dire devant Jésus Christ. Avec ce petit passage, saint Luc fait une liaison entre ce discours apocalyptique et la vie et ses problèmes quotidiennes.
On doit avoir la foi pour imaginer comment se tenir debout devant Dieu à la fin du temps. Après tout, nous comprenons que ce moment-là est le moment du jugement fondamental. Dans notre vie, sommes-nous devenues les personnes que nous devions devenir ? Sommes-nous dignes de nous tenir debout devant Jésus Christ ? On doit avoir beaucoup de foi pour répondre « oui » à cette question. On connait nos fautes et nos péchés. Mais la foi qui nous devons avoir à ce moment-là est la foi dans la réconciliation, c’est-à-dire le pardon des péchés : le pardon de nos offenses, comme le pardon des offenses de ceux qui nous ont offensés.
Le début de la vie chrétienne, c’est l’imagination de cette réconciliation avec tous et l’entrée dans la vie éternelle en se tenant debout devant Dieu et devant toute personne. Cette première expérience de la foi est très agréable, très réconfortante. C’est une expérience qui explique tout et promet tout. C’est l’expérience de l’amour de Dieu et de la paix de Dieu dans le corps du Christ.
Mais la foi chrétienne n’est pas une possession permanente mais quelque chose que nous pouvons oublier. Notre foi est toujours fragile. La fidélité dans la foi chrétienne est la fidélité de prendre des risques, jour après jour.
On nous a promis la résurrection et la vie éternelle, mais en portant la croix. Éviter cette croix est la plus grande tentation pour nous. L’acceptation de la souffrance et la compréhension de son importance font partie de la foi chrétienne. Chaque jour, nous devons accepter encore la possibilité de porter la croix et de souffrir, mais dans la foi chrétienne, nous devons prendre le risque de ne pas les éviter mais accepter cette possibilité dans l’esprit de la foi et de l’espoir.
L’alternative à prendre ce risque, c’est soit être débordé par les soucis de la vie, soit les beuveries et l’ivresse ou les activités qu’on entreprends pour fuir la réalité. Prendre ce risque, c’est avoir la foi que nous pouvons traverser les moments de la tentation et émerger vivant et se tenant debout devant le fils de l’homme.
Pour l’évangéliste Luc, la foi n’est jamais seulement une réflexion théorique de la vie éternelle à venir. Se tenir debout devant le fils de l’homme, c’est surtout aussi se tenir debout devant les hommes aujourd’hui, c’être présent parmi eux en ayant l’espoir et la foi. L’apocalypse a déjà commencé. Se tenir debout devant le fils de l’homme, ce n’arrivera pas plus tard, mais c’est déjà commencé aujourd’hui.
(Je remercie Éléonore, mon professeur à L’Ecole international de langues YMCA, qui m’aide chaque semaine avec mes homélies.)