Regi Mathew, OFM
Qu’est-ce que Noël ? Pourquoi et comment Noël ? Ces questions hantaient mon esprit au début de l’Avent. Je prends conscience que Noël est grâce, avec la puissance de l’Esprit qui entraîne une renaissance.
Dans le premier livre de la Bible, la Genèse, on peut lire qu’après avoir créé le monde Dieu était satisfait, parce que cela était très bon. Mais le bon n’a pas duré et, avec le temps, la cupidité, l’égoïsme, la colère et la jalousie ont mené à un monde brisé…
L’étable de Bethléem, avec le nouveau-né dans les bras de Marie et de Joseph, était le plan de Dieu pour réparer et renouveler ce monde brisé. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de grande manifestation – pas de soleil, d’étoiles, de lune, ni de création tout entière agissant en harmonie –, juste un petit bébé venu toucher nos cœurs, réclamant amour et acceptation, une demeure en nos cœurs.
Les chefs spirituels et les théologiens ont méprisé le Verbe et la Chair. Dans la compréhension chrétienne, aujourd’hui encore, le Verbe et la Chair sont opposés, comme si l’un et l’autre étaient impossibles à concilier. Mais Noël est la célébration de cette rencontre paradoxale entre le Verbe et la Chair.
Le célèbre prologue de l’évangile de Jean situe la naissance de Jésus dans le cadre cosmique de la naissance de l’univers. L’enfant né à Bethléem est le Verbe éternel, qui était auprès de Dieu au commencement et par qui tout est venu à l’existence. Puis, avec des mots simples d’une beauté spectaculaire, Jean dépeint le moment où l’infini se marie au fini, unissant dans un être historique la lumière et l’amour de Dieu : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 15 ; Ph 2, 6-7).
En contemplant avec émerveillement la scène de la Nativité, évoquée par la crèche de Noël, nous voyons le Seigneur de l’univers sous les traits d’un tout petit bébé vulnérable, qui dépend entièrement de sa mère pour satisfaire ses moindres besoins. En devenant un avec nous, le Verbe éternel a été soumis aux joies et aux peines propres à toute chair humaine – la joie de parents aimants, de l’amitié, des loisirs, du chant et de la danse –, mais aussi à la faim et à la soif, à l’angoisse et à la tristesse. Il connaîtrait la joie d’apporter la guérison et l’espoir aux estropiés, aux aveugles, aux muets et à ceux et celles qui vivaient en marge de la société. Il vivrait la douleur de l’ingratitude et du rejet, y compris l’incompréhension de ses disciples les plus proches. Il connaîtrait aussi la peur devant l’hostilité de ceux qui cherchaient à l’anéantir. Enfin, il supporterait l’indicible agonie d’une mort honteuse sur une croix – et tout cela pour révéler l’amour infini du Père à notre égard et pour nous montrer ce que signifie vraiment être humain.
L’histoire de Noël rappelle la naissance de cet être unique, le Fils de Dieu fait homme, qui ne s’est pas contenté de nous dire comment vivre mais qui nous l’a montré, à travers ses larmes, sa sueur et son sang. L’histoire de Noël nous incite à méditer sur la vie de Jésus pour que nous puissions entrer dans le grand mystère de l’amour de Dieu, découvrir le sens et le but de notre vie et l’annoncer aux autres.
Noël, c’est la fête de la vie. Cette vie, nous en découvrons la plénitude dans la crèche et, ultimement, sur la croix. Noël nous invite à revenir à la source de notre foi et de notre confiance en Dieu. Si nous croyons que Jésus est la véritable Lumière du monde, alors il nous conduira de nos ténèbres à son admirable lumière.
Noël, c’est aller à la rencontre de ceux et celles qui ne sont arrivés nulle part dans la vie et leur faire une place à l’auberge. Jésus s’est incarné à Bethléem, la maison du pain, pour combler les pauvres et les affamés : nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus, pardonner à ceux qui ont fait du tort, accueillir ceux qui ne sont pas invités, soigner ceux qui sont malades, aimer ses ennemis, et « faire aux autres ce que l’on voudrait qu’on nous fasse ». Jésus est né pour les pécheurs repentis afin de ramener ceux et celles qui se sont éloignés du Paradis.
Noël est donc une fête de l’amour : un amour de sacrifice, de dépouillement et de compassion. Noël n’est pas une date, c’est un état d’esprit. Accueillons Noël dans notre cœur. Venez, célébrons la naissance de notre Sauveur en le rencontrant au cœur des événements quotidiens de notre vie… car Noël c’est une rencontre.