La solidarité avec les personnes pauvres et marginalisées fait partie intégrante de la spiritualité franciscaine et constitue l’une des priorités de l’Ordre des Frères mineurs. Saint François d’Assise n’a pas seulement aimé le Christ qui était pauvre, mais il a aussi aimé le Christ dans les personnes pauvres et marginalisées. Il souhaitait que rien ne fasse obstacle à la capacité d’une personne à accueillir les autres et à entrer en relation avec eux, tout comme le Christ ne laissait rien faire obstacle à sa miséricorde et à sa compassion envers les pécheurs. Ainsi, saint François a vécu une vie de fraternité et de solidarité avec les pauvres.
En avril et en mai, les travailleurs migrants en Inde ont fait la une des journaux du monde entier. Le confinement soudain et imprévu dans le pays a décimé les moyens de subsistance des pauvres. Le gouvernement élu les a abandonnés, les laissant mourir dans les rues et sur les routes. Beaucoup ont péri en essayant de rentrer dans leur village à pied, sans eau ni nourriture, sous une chaleur torride. Leur douleur atroce est déjà inconcevable, mais être traité plus mal qu’un réfugié dans son propre pays est inimaginable.
Fidèles à leur vocation, les fraternités franciscaines de la mission se sont levées et ont cheminé avec les pauvres au milieu du confinement, accueillant les démunis et les travailleurs migrants. Elles se sont regroupées pour fournir de la nourriture, des vêtements, un logement et un emploi dans la mesure du possible. « La mission est toujours présente à nos côtés et ne nous a pas abandonnés, alors que notre gouvernement nous a laissés mourir et n’a pas tenu ses promesses », répétaient de nombreux travailleurs migrants qui ont reçu l’aide des Franciscains. « Je ne m’attendais pas à ce que des chrétiens puissent aider un non-chrétien, mais les Franciscains ont montré qu’ils sont là pour tous », ont déclaré des non-chrétiens. Les fraternités franciscaines des zones rurales sont pauvres et ne sont pas autosuffisantes, elles dépendent toujours de fonds extérieurs pour leurs œuvres missionnaires, et pourtant elles se sont manifestées et ont partagé malgré leurs pauvres moyens. C’est là un véritable témoignage de leur solidarité avec les pauvres, cette volonté d’être avec les gens dans les bons et les mauvais moments.
Nous avons la chance de vivre dans un pays magnifique, le Canada, où la population n’a pas été oubliée par son gouvernement; le contraste est saisissant avec la réalité en Inde. Au début, la pandémie m’a frappé de plein fouet, car je devais rester à l’intérieur, célébrer l’eucharistie tout seul, devant une caméra, je ne pouvais pas socialiser, j’ai dû laisser tomber quelques projets que j’avais prévus pour l’année, etc. Cependant, au fil des jours et des semaines, je me suis senti plus à l’aise avec ce que l’on appelle la « nouvelle normalité » de la vie et j’ai commencé à profiter des nouvelles possibilités qui l’accompagnent. Certes, ce n’est pas un grand défi pour moi qui vis dans un endroit assez sûr; mais cela me brise le cœur de voir la misère des pauvres, en particulier dans les missions franciscaines en Inde, et de ne pouvoir aider qu’en m’unissant à leurs prières.
Si la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les bons et les mauvais côtés de l’humanité, une question demeure : quand cette pandémie prendra-t-elle fin? Combien de temps devrons-nous encore nous désinfecter les mains, nous masquer le visage et nous distancier physiquement les uns des autres? Peut-être finirons-nous par vaincre ce virus en suivant les restrictions et en créant un vaccin, mais rien ne garantit que la terre sera un meilleur endroit pour vivre si l’on ne désinfecte pas le cœur, l’esprit et l’âme où vit le virus du mal, si l’on ne masque pas les paroles empoisonnées que l’on expire et si l’on ne se distancie pas du mal social. Pour combattre les virus, quels qu’ils soient, nous avons besoin d’une pandémie d’amour et de solidarité sur notre mère la terre, notre maison commune. Tournons-nous vers saint François d’Assise pour qu’il nous unisse, alors que nous inondons le monde d’amour par nos actes de miséricorde et de bonté.
Manoj Xalxo, ofm