Brandon Paziuk, OFM
En marchant cette semaine dans la vallée de la rivière à Edmonton, j’ai été frappé par le splendide spectacle des couleurs d’automne. L’automne semble arriver rapidement cette année, avec une certaine majesté tranquille. Les arbres abandonnent leurs feuilles, tout comme l’herbe en dessous se voit privée de lumière et se laisse recouvrir par le compost venu d’en haut. L’automne est un doux maître qui enseigne le changement et le dépouillement. Saint François incarnait ce même modèle.
Né dans le privilège et la richesse, François se dépouilla de toutes possessions, de toute réputation et de tout pouvoir. Il renonça à tout ce qui était mondain afin d’embrasser une vie de pauvreté radicale. L’arbre ne tente pas de retenir ses feuilles, et le fait de les perdre prépare déjà la croissance du printemps à venir. François appelait les éléments de la nature ses frères et ses sœurs, les voyant non comme des ressources à posséder et à exploiter, mais comme des signes de l’amour de Dieu. Naissance et mort, semailles et récoltes, croissance et déclin : toutes ces réalités suivent un rythme, une grande danse cosmique entre le Créateur et ses créatures. Au cœur de cette danse se trouve le mystère de la kénose (le dépouillement du Christ).
Saint Paul nous dit dans la lettre aux Philippiens que le Christ « s’est anéanti lui-même, prenant la condition de serviteur ». Cette humilité divine n’est pas une perte, mais bien l’abandon de soi par le Christ pour faire place à l’Amour. Quand nous suivons François en imitant Jésus, nous sommes appelés à pratiquer la kénose, à desserrer notre emprise sur le contrôle, l’orgueil et l’ego. Ces choses ont leur rôle, à leur juste place et en leur saison, mais lorsque l’automne s’installe, ne luttons pas contre la nature comme un arbre s’accrochant à ses feuilles mortes. À l’approche de l’Avent, dépouillons-nous de tout ce qui nous sépare de la présence vivante de Dieu, afin que, comme Marie, nous puissions dire « oui » lorsque l’ange du Seigneur viendra à nous.
Frère Brandon Paziuk, OFM, est frère simplement profès, résidant à Edmonton. Il est étudiant, écrivain et pratique la prière de centrage.