Peut-être voulez-vous savoir ce que je ressens, moi, Aimé Do Van Thong, frère qui ai toujours vécu dans des petites fraternités de notre Province franciscaine, maintenant que je suis nommé gardien du plus grand couvent de la Province ? Cette fois, je n’y suis pas un visiteur de passage, mais un résident et le gardien!
Quand j’ai accepté le poste de gardien de la nouvelle fraternité de Rosemont, je savais que j’acceptais de déménager deux fois: une première fois au grand couvent de la Résurrection qui est maintenant pas mal vidé et prêt pour être vendu; une deuxième dans un nouveau couvent, plus petit, mais en rénovation pour que ce soit mieux adapté à la réalité de notre nouvelle fraternité qui ne compte plus que 9 frères, mais de plusieurs nationalités –québécois, congolais, ontarien, vietnamien etc. – de cultures, d’âges et de personnalités différentes.
Il faut croire que tout cela ne m’a pas dérangé!
J’atterris calmement et en paix. Je commence à faire connaissance avec la maison et les frères. J’apprends progressivement des choses dans la maison et au sujet la maison… et j’observe que la pandémie y a laissé des traces. Beaucoup d’activités ont été coupées, et les préparatifs en vue du grand déménagement ont entraîné un inévitable repli dû au départ imminent.
Pourtant, j’arrive avec beaucoup d’énergie et de rêves, même si, physiquement, je suis diminué par le diabète… Je semble parfois chanceler quand je marche, je sens le poids des années, mais je n’ai rien perdu de ma fougue intérieure. J’ai aussi décidé – après plusieurs années – de laisser la cigarette et de vivre pleinement mon arrivée au grand couvent de Rosemont, en attendant le deuxième déménagement vers notre nouvelle maison.
En pensant au nouveau départ que nous allons inaugurer ensemble une fois arrivés à notre maison du 6444 rue Lescarbot, je suis encouragé. J’ai réfléchi sur le nom de la rue où siège cette nouvelle maison. L’un de nos frères – dans un jeu de mots, qu’il explicite dans cette infolettre – parle de l’escabeau. Pour moi, cela rappelle un escargot. C’est peut-être prophétique! Car actuellement, nous vivons comme des escargots qui avancent mais à pas plutôt lourds, lents et silencieux; en attendant l’arrivée d’un nouveau jour. Nous sortons de notre coquille pandémique! Trois ans de pandémie nous ont passablement ensevelis dans le tombeau de la peur et de la mort.
En cette fête de notre père saint François cette année, le dimanche 2 octobre, avant le passage à la nouvelle résidence, demandons à notre père François de nous renforcer, de nous revitaliser et de rallumer en nos cœurs ce qui l’avait animé, lui et ses compagnons des premiers temps. Accompagnés de tous les frères et sœurs de la famille franciscaine, avec nos ami(e)s et habitué(e)s de notre couvent et de notre chapelle d’avant la pandémie, je veux monter sur l’escabeau, pas seul mais avec tous mes frères (Georges Morin, Lionel Chagnon, Roland Desilets, Joseph Powers, Gerry Clyne, Benoit Bahati, Joachim Osterman et Marc Alarie) de la nouvelle fraternité pour revivre simplement et humblement la vocation de cette fraternité de la Résurrection, qui va durer encore, mais sous une forme nouvelle!
Fr. Aimé Do Van Thong, OFM