(Crédit-photo: Nathalie Dumas)
Le 8 décembre 2020, le Pape François nous faisait la surprise d’ouvrir une année dédiée à saint Joseph. Vous imaginez la joie de la famille franciscaine du monde entier et spécialement de nos concitoyens du Canada dont saint Joseph est le patron et le saint protecteur. Arrêtons-nous d’abord sur ces quelques paroles du Saint-Père qui se trouvent au début de sa lettre apostolique « Avec un cœur de père » :
« Je voudrais partager avec vous quelques réflexions personnelles sur cette figure extraordinaire, si proche de la condition humaine de chacun d’entre nous. Ce désir a mûri au cours de ces mois de pandémie durant lesquels nous pouvons expérimenter, en pleine crise qui nous frappe, que « nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. »
Le culte de Saint Joseph est né de la tendresse dont le Moyen Âge a entouré la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. Les historiens s’accordent à dire que les Franciscains furent les premiers à introduire en Europe la fête de saint Joseph. Elle fut en effet imposée à tout l’Ordre en 1399. Puis, en 1461, le chapitre général des frères fixa cette fête au 19 mars, jour probable de la mort du saint Patriarche, d’après les Pères grecs. C’est d’ailleurs un pape franciscain, Sixte IV, qui proposa la fête à toute l’Église en 1476.
On pourrait se demander pourquoi les Franciscains favorisent ce patronage de saint Joseph? C’est que l’Ordre franciscain a toujours eu pour le Père nourricier de Jésus une extraordinaire affection. En effet, saint François et ses frères ont aimé le saint Patriarche de Nazareth. C’était une conséquence nécessaire des affinités de l’âme franciscaine avec l’âme de saint Joseph en ce qui concerne la pauvreté, l’humilité et la simplicité.
Lorsque la dévotion à saint Joseph eut rempli l’Europe de ses parfums, elle traversa l’Atlantique, se répandit dans les forêts vierges du Nouveau Monde. Venus au Canada dès 1615, les Franciscains Récollets y apportèrent la foi. Pionniers du Christ sur nos rives, ils y furent donc aussi les hérauts de la gloire et de la puissance de saint Joseph. L’année même de leur arrivée au Canada, en 1615, le P. Le Caron confiait à saint Joseph la mission des Hurons. N’est-ce pas les Récollets qui, en 1624, consacraient le Canada au Chef de la sainte Famille. « Nous avons fait une grande solennité, écrit le P. Joseph Le Caron, où tous les habitants se sont trouvés ainsi que plusieurs amérindiens en accomplissement d’un vœu à saint Joseph que nous avons choisi pour Patron du Pays et protecteur de cette église naissante. »
Voilà bien saint Joseph officiellement établi patron du Canada et de l’Église canadienne. Cette consécration de la colonie au chef auguste de la Sainte Famille devait être reconnue par les générations ultérieures. La Relation des Jésuites de 1637 affirme que « la fête du glorieux saint Joseph, père, patron et protecteur de la Nouvelle-France, est l’une des grandes solennités de ce pays ».
La dévotion canadienne au saint Époux de Marie est née de cette fête et de cette consécration, qui fut pour nous la source de tant de bienfaits divins : particulièrement l’Oratoire saint Joseph qui est reconnu dans le monde comme un important centre de rayonnement de la dévotion au saint Patriarche de Nazareth.
Aimable Saint,
Vous qu’à la Vierge Mère,
le Roi du ciel a donné pour époux,
Vous que Jésus honore comme un père,
Ô saint Joseph, ô saint Joseph
Ô saint Joseph priez, priez pour nous!
(Chant traditionnel de l’Oratoire Saint Joseph du Mont-Royal)
En ce mois de mars 2021, année dédiée à Saint Joseph et année de la pandémie du coronavirus.