Lors de la célébration pour le 80e anniversaire de la province franciscaine de Corée, le 18 novembre dernier, la deuxième partie du programme de la journée commençait par le chant du Cantique du Soleil, musique tiré du film Frère Soleil, Sœur Lune. Il fut chanté en langue coréenne par nos frères coréens Joachim Yoon et Paul Seo et de nos sœurs coréennes Marianna Jung et Sapienza Lee. En écoutant ce chant de nos frères et sœurs, il devenait évident que les qualités masculines et féminines du Cantique des créatures de François d’Assise étaient mises en valeur.
C’est à la suite de ce chant que j’ai été invité à donner un court entretien sur le 80e anniversaire de la présence franciscaine en Corée du Sud. Pour présenter mon propos, je tenais à afficher une photo de la première église de Taejôn et voici la raison. C’est à cause de l’histoire du Dr Williams, pasteur méthodiste. Cette histoire nous a été racontée par le père Justin Bellerose :
« Pendant les années 1955-1956, l’église de Taejôn resta abandonnée, (à cause de la guerre de Corée) avec portes et fenêtres brisées ou emportées et le plancher défoncé. Tout près de chez nous, se dressait le séminaire méthodiste dont le directeur était un chic américain, le Dr Williams, pasteur de l’église méthodiste. Il lui arrivait de passer près de notre église et de la voir dans un état délabré qui faisait pitié.
Un jour que j’allai lui rendre visite, il me posa la question : «Pourquoi ne réparez-vous pas votre église? » Je répondis : « Parce que nous n’avons pas d’argent. » En effet, le peu d’aumônes personnelles qui restaient après la première réparation de 1955, nous les gardions pour assurer notre nourriture quotidienne, nous procurer les objets nécessaires et payer le salaire de nos employés pour des travaux urgents. Le Dr Williams me dit alors : « Quand vous commencerez à réparer l’église, faites-le moi savoir ! »
Dans les mois qui suivirent, j’oubliai les paroles de ce brave pasteur méthodiste. Enfin, les travaux de réparation de l’église commencèrent. Un bon jour, cherchant un peu de changement, la pensée me vient d’aller rendre visite au Dr Williams. C’était un homme très sympathique et d’une conversation fort agréable. Au cours de l’entretien que j’eus avec lui et son épouse, il me dit à brûle-pourpoint : « Ah! Vous avez commencé à réparer votre église et, à ce sujet, je vous ai promis quelque chose; attendez un instant. » Il alla à son bureau et, quelques instants après, il revint, me présentant un chèque de $100.00. En me le donnant, il ajouta ces mots : « Je vous fais ce don, non pas parce que vous êtes catholique, mais à cause de saint François d’Assise. Chaque dimanche, nous chantons à notre séminaire le Cantique du Soleil qu’a composé votre fondateur. » Quelle émotion n’ai-je pas ressentie ! Ce fut un moment inoubliable dans ma vie missionnaire ! »
Georges Morin, ofm