Dans un blogue mis en ligne le 2 juin 2016, j’ai présenté deux photos du Retable de la chapelle Saint-Marie-des-anges à Assise. La première photo provient de la partie centrale-supérieure du Retable, où l’on trouve la scène de l’Apparition du Christ et de la Vierge. La deuxième photo met en lumière la scène où François, agenouillé en compagnie de deux anges, dépose une couronne de roses sur l’autel de la chapelle. Je veux maintenant compléter cette présentation en y commentant un élément nouveau: les anges musiciens qui forment les deux chœurs situés à gauche et à droite de ces deux scènes.
Pour ce faire, il est utile de s’arrêter à la partie du Retable de la Portioncule qui présente les Anges du ciel. Ces êtres célestes, que l’on voit sur les gros plans ci-dessus, sont habillés de magnifiques tuniques multicolores, et leurs têtes sont coiffées avec élégance et parées d’auréoles. Ensuite, la surprise est de constater que ces anges ne semblent pas être uniquement réunis pour le chant d’hymnes célestes ou pour la prière, mais aussi pour exécuter une polyphonie sur différents instruments de musique du Moyen-Âge: la vièle, le luth, les flûtes, les trompettes, les tambourins et d’autres encore. Il faut se rappeler ici que la musique européenne a été réinventée au Moyen-Âge et qu’elle a atteint des nouveaux sommets à cette époque.
La culture médiévale est marquée par la Hiérarchie céleste du Pseudo-Denys l’Aréopagite qui – dans sa vision du monde – accorde une place importante aux anges. Par son enseignement, on apprend que «les anges participent activement à l’harmonie du monde créé par Dieu. Ils permettent aux orbes de se mouvoir et c’est de ce mouvement que naît l’harmonie du ciel et de la terre.» La musique nouvelle de ce temps-là, et surtout la grande mystique du Moyen-Âge, sont sans doute les causes principales qui expliquent le nombre si important d’anges musiciens dans l’iconographie médiévale.
Saint Bonaventure, dans sa Légende Majeure, écrit : «François était uni du lien d’un inséparable amour aux esprits angéliques qui brûlent d’un feu prodigieux qui élève vers Dieu et enflamme les âmes des élus. Chaque année il jeûnait et il priait en leur honneur durant quarante jours, à partir de la fête de l’Assomption. Mais à cause du zèle fervent qu’il avait pour le salut de tous ceux qui doivent être sauvés, il avait une dévotion particulière envers le bienheureux Michel archange, pour cette raison qu’il a l’office de présenter les âmes à Dieu.»
Toi, Sainte-Marie-des-anges, bénis le Seigneur. Avec les neuf chœurs des anges et tous les saints, bénis le Seigneur: À lui haute gloire, louange éternelle!
Frère Georges Morin, ofm