Le mot de Picasso décrivant l’artiste Marc Chagall comme ‘Un rêveur éveillé’ est un bon départ pour nous aider à comprendre le titre de ce blogue : La maternité au pied de l’Arbre de vie. Chagall est ‘un rêveur’ qui nous ‘éveille’ chaque fois qu’il crée une œuvre nouvelle. Qui aurait pu penser à insérer près du colossal tronc de l’Arbre de vie, une minuscule image d’une jeune mère avec un enfant ? Et pourtant Chagall a eu raison de le faire. Sans cet amour maternel, provenant de l’amour du Créateur du ciel et de la terre, que serait-il arrivé à l’Arbre de vie ? L’arbre, dans toute sa splendeur se serait desséché. Mais, heureusement une maternité – symbole de bonté et d’amour – est là qui veille au pied de l’Arbre de vie. « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines (Is 11, 1-2). »
Chagall, dans ses écrits, nous fait découvrir que l’amour est une de ses sources d’inspiration majeure : « J’aime l’amour. L’amour m’aide à trouver la couleur. Je peux même dire que c’est l’amour lui-même qui trouve la couleur et que je ne fais que la reporter sur la toile. Elle est plus forte que moi. C’est comme ça que je vois la vie. Elle est belle, terrible. Étrange aussi, sans doute parce que je la regarde avec les yeux de l’amour… Malgré les difficultés de notre monde, je n’ai jamais renoncé en mon for intérieur à l’amour dans lequel j’ai été élevé, pas plus qu’à l’espoir de l’homme dans l’amour. Comme sur la palette d’un peintre, il n’y a dans notre vie qu’une seule couleur qui donne sens à la vie et à l’art : la couleur de l’amour. »
Je suppose que pour Chagall, la couleur de l’amour est le bleu, puisqu’il a choisi cette couleur pour dessiner l’image de la maternité, au pied du vitrail de l’Arbre de vie. Quelle figure admirable que cette jeune mère toute heureuse de porter près d’elle son petit enfant ! C’est de cette même couleur aussi que Chagall a rappelé à notre mémoire le pays de Sarrebourg qu’il aimait certainement beaucoup avec ses forêts, ses troupes d’animaux sauvages comme les cerfs, ses maisons et qui incluait la « Chapelle des Cordeliers » de Sarrebourg.
Au sujet de l’histoire de cette chapelle, Éloi Leclerc écrit : « Vers 1230 arriva à Sarrebourg une communauté de Cordeliers – autrement dit de Franciscains, que le Moyen âge appelait volontiers ‘Cordeliers’ à cause de la grosse corde qui leur tenait lieu de ceinture. À partir de 1266, ils desservirent l’église paroissiale qui datait de 1117. Trois ans plus tard fut construit un nouveau chœur de style gothique dans le prolongement de l’ancien. Seul ce nouveau chœur subsiste actuellement, et c’est lui qu’on appelle aujourd’hui la ‘Chapelle des Cordeliers’».
Le pays de Sarrebourg représenté au pied du vitrail de l’Arbre de vie est donc une terre franciscaine puisque les Franciscains et leurs fidèles y ont vécu et ont prié dans cette chapelle, de 1230 jusqu’à 1792. La famille franciscaine est heureuse de constater qu’à l’endroit même où ont vécu les Franciscains durant plus de cinq siècles, aujourd’hui des artistes et des admirateurs de l’art s’ouvrent au spirituel à travers ce chef d’œuvre de Chagall l’Arbre de vie qui est aussi appelé le Vitrail de la Paix.
« L’amour donne toujours vie » Pape François