Dans son Histoire de la Colonie française au Canada, Étienne Michel Faillon raconte que « le lendemain de la cérémonie [de la première messe à la fondation de Ville-Marie] on dressa autour de l’autel des tentes ou des pavillons pour se camper, comme le font en Europe les troupes à la guerre ; et ce fût là d’abord, que la petite colonie se logea, pour se mettre à l’abri des intempéries de l’air, et surtout pour se garantir des pluies, qui furent très fréquentes et très abondantes cette année. Ensuite on commença d’abattre des arbres, pour former, tout autour du camp, un retranchement de pieux, avec un fossé de défense ; et
M. de Maisonneuve, toujours le premier partout, voulut abattre lui-même le premier de ces arbres, disant qu’en sa qualité de Gouverneur, cet honneur devait lui être réservé. Lorsque ce retranchement eut été achevé, (…) en attendant qu’on eut construit une chapelle en menuiserie, on en éleva une en écorce, où l’on plaça le très-saint Sacrement. »
« On a vu que les Associés avaient déjà mis sous la protection de Marie non-seulement l’île de Montréal mais aussi tous ceux qui devaient l’habiter un jour, voulant pour cela que la ville qu’on y construirait portât le nom de Villemarie et lui fut irrévocablement consacrée. Il était convenable que les premiers colons qui venaient d’y arriver puisse ratifier de leur côté cette offrande, et ce fut ce qu’ils firent avec toute la pompe dont ils étaient capables, le 15 du mois d’août suivant, fête de l’Assomption. »
« La chapelle qu’on avait construite dans le Fort n’était encore que d’écorce, quoique propre et bien ornée ; ce jour-là, on y plaça pour la première fois, le beau tabernacle et les autres objets du culte arrivés récemment de France ; et par un sentiment de piété et de charité tout ensemble, on déposa sur l’autel, pendant le saint Sacrifice, un écrit qui contenait les noms de tous les Associés de Montréal, comme pour les rendre présents eux-mêmes à cette touchante cérémonie. Enfin chacun des assistants, ayant reçu la sainte Communion, s’efforça, en participant à ce gage d’unité destiné à lier tous les chrétiens entre eux, de s’unir aux saintes âmes qui soutenaient en France, par leurs charités et leurs largesses, le pieux dessein de cet établissement.»
« Nous chantâmes ensuite le Te Deum, rapporte le P. Vimont, en actions de grâces de ce que Dieu nous faisait la faveur de voir le premier jour d’honneur et de gloire, la première grande fête de Notre-Dame de Montréal. Le tonnerre des canons fit retentir toute l’île » et, après les vêpres, une procession suscita l’admiration des Amérindiens présents.
Cette première grande fête de Notre-Dame de Montréal se situe exactement quatre ans après la consécration de la France à la Vierge Marie. Louis XIII, le 15 août 1638, voua la France à la Reine du ciel et fit du jour de l’Assomption une fête pour tout le pays.